Le livre de
Dominique Gauthiez-Rieucau est un recueil de douze Nouvelles,
comme douze traits d'un feu d'artifice qui, au lieu de s'élever
pour se perdre dans l'extériorité de la nuit, s'enfoncent dans
l'intériorité et s'illuminent d'avoir transfiguré des
frontières.
Au cœur de
chaque nouvelle il y a une solitude dans l'épreuve, un choc,
une souffrance intolérable comme celle des enfants humiliés
et, immédiatement, un effort pour dépasser l'épreuve, pour
passer les frontières, ces lignes qui séparent les peuples,
les hommes et les femmes. Ce dépassement veut être fusion et
s'effectue moins par la raison que par la force et l'énergie
des sentiments.
C'est dire que l'auteur nous interpelle: c'est une militante qui
nous invite à un supplément d'âme, à nous engager, dans
cette multiplicité d'univers, pour le respect des personnes
sans jamais désespérer de les réconcilier dans la joie de la
rencontre.
Il y en a qui
perdent de vue leur enfance, d'autres qui la retrouvent dans des
éclairs de génie, Dominique Gauthiez tient par la main la
petite fille qu'elle a été: elle n'a pas quitté son regard
d'enfant qui voit que la mort n'est rien, que la distance n'est
faite que pour être franchie, que la fusion exclut la
confusion, que la forme de la frontière et le fond de la
personne peuvent ne faire qu'un, et, avec un courage admirable,
elle engage toutes ses forces à nier la solitude cruelle, la
première des frontières.
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Nous
lui devons un recueil fort bien écrit: elle sollicite
en chaque lecteur cette personne en laquelle elle croit,
qui, comme une nappe phréatique accompagne l'auteur et
lui assure que, au cœur de la multiplicité, peut
jaillir sans cesse le temps d'aimer à la seule
condition qu'on réponde à l'appel.
"Une
personne n'atteint sa pleine maturité qu'au moment où
elle s'est choisi des fidélités qui valent plus que la
vie." (E. Mounier, Personnalisme, page
68)
"C'est
à moi de trouver les mots justes.
Les mots qui dépassent les frontières..." (Frontières,
page 144)
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Joseph
Llapasset
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