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- La connaissance du troisième genre. (par Joseph Llapasset) Site Philagora, tous droits réservés ________________________________ Transition: nous avons vu, à la fin de la page précédente, que la connaissance du deuxième genre était vraie en ce qu'elle affirmait des propriétés générales d'une chose, mais qu'elle ne pouvait pas percevoir la singularité de l'essence d'une chose: elle procédait en effet par le détour d'un discours qui s'appuyait sur le principe de causalité et sur la rigueur déductive du syllogisme. Par exemple, de la sensation on peut bien conclure l'union de l'âme et du corps, mais en aucun percevoir ce que cela est, cette union , et comment sortir du dualisme qui,en séparant l'âme (pensée) et le corps (étendue), se rend incapable d'expliquer leur interaction. En fait, il y a de l'ignorance dans la connaissance du deuxième genre: dans ce cas elle ignore ce qu'est l'union. On pourrait dire que ce mode de connaissance est vrai en ce qu'il affirme par le principe de causalité en remontant d'une cause à son effet, mais qu'elle est partielle puisqu'on ne retrouve dans les faits que ce qu'il y avait dans la cause et non pas ce qui fait l'essence de l'effet.
La connaissance du troisième genre. L'esprit qui anime la connaissance du troisième genre et le discours sur ce troisième mode de connaissance, l'intuition philosophique de Spinoza dont Bergson nous donne une approximation, "c'est le sentiment d'une coïncidence entre l'acte par lequel notre esprit connaît parfaitement la vérité et l'opération par laquelle Dieu l'engendre". C'est dire que la montée et la descente, l'aller et le retour, sont ressenties comme si ce n'était qu'un seul et même mouvement. Ainsi, par exemple, chez Descartes, dans Regulae, règle III et XI, la déduction, aidée par la mémoire et la rapidité de l'esprit devient intuition, vision directe. Essayons
maintenant d'exposer ce qu'est la connaissance du troisième genre. Percevoir
une chose par sa seule essence c'est en avoir l'idée, la forme
intellectuelle, l'idée vraie fondée bien entendu non sur une évidence
sensible mais sur une évidence rationnelle. C'est ainsi que la connaissance du troisième genre perçoit directement les idées des choses singulières, chaque idée enveloppant le concept de leur attribut, c'est à dire l'essence éternelle de Dieu. La conséquence c'est que "plus nous comprenons les choses singulières, plus nous comprenons Dieu." (Éthique, V, XXIV). On
comprend que la nature, le suprême effort de l'esprit soit de
comprendre les choses par le troisième genre de connaissance (Éthique,
V, XXV).
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