° Philo-prepasSpinoza , L' Éthique 

PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS

SPINOZA

" L'Éthique

A la recherche du bonheur, de la liberté et de la béatitude 

8 - La connaissance du troisième genre. (par Joseph Llapasset)
Éthique, proposition XL, Scolie II

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Transition: nous avons vu, à la fin de la page précédente, que la connaissance du deuxième genre était vraie en ce qu'elle affirmait des propriétés générales d'une chose, mais qu'elle ne pouvait pas percevoir la singularité de l'essence d'une chose: elle procédait en effet par le détour d'un discours qui s'appuyait sur le principe de causalité et sur la rigueur déductive du syllogisme. Par exemple, de la sensation on peut bien conclure l'union de l'âme et du corps, mais en aucun percevoir ce que cela est, cette union , et comment sortir du dualisme qui,en séparant l'âme (pensée) et le corps (étendue), se rend incapable d'expliquer leur interaction. En fait, il y a de l'ignorance dans la connaissance du deuxième genre: dans ce cas elle ignore ce qu'est l'union. On pourrait dire que ce mode de connaissance est vrai en ce qu'il affirme par le principe de causalité en remontant d'une cause à son effet, mais qu'elle est partielle puisqu'on ne retrouve dans les faits que ce qu'il y avait dans la cause et non pas ce qui fait l'essence de l'effet.


Seule la connaissance du troisième genre peut percevoir ce qu'est l'union: l'âme étant l'idée du corps, ou si l'on préfère sa conscience, les apories du dualisme sont levées.

La connaissance du troisième genre. 

L'esprit qui anime la connaissance du troisième genre et  le discours sur ce troisième mode de connaissance, l'intuition philosophique de Spinoza dont Bergson nous donne une approximation, "c'est le sentiment d'une coïncidence entre l'acte par lequel notre esprit connaît parfaitement la vérité et l'opération par laquelle Dieu l'engendre". 

C'est dire que la montée et la descente, l'aller et le retour, sont ressenties comme si ce n'était qu'un seul et même mouvement. Ainsi, par exemple, chez Descartes, dans Regulae, règle III et XI, la déduction, aidée par la mémoire et la rapidité de l'esprit devient intuition, vision directe.

Essayons maintenant d'exposer ce qu'est la connaissance du troisième genre.
(
Ce n'est qu'une propédeutique à la lecture de Spinoza qui seul, est à même de l'exprimer.)
- Comme dans les deux premiers genres, il s'agit d'une perception mais cette perception est intuitive, ce qui revient à dire que c'est un acte qui atteint directement la réalité, qui atteint la réalité en elle même ce qui s'accompagne d'une certitude absolue de telle manière qu'il ne faut rien d'autre, aucun discours, pour atteindre cette certitude. Intuition signifie "d'un coup d'oeil": on peut dire que la connaissance est perception directe et immédiate par un coup d'oeil. Autant dire qu'une telle connaissance est pleine, véritable puisque c'est par sa seule essence que la chose est perçue, en elle même. L'intuition se suffit à elle même car elle donne d'un coup d'oeil sur une essence tout ce qu'on peut en savoir.
"Une chose est perçue par sa seule essence quand par cela même que je sais quelque chose, je sais ce que c'est de savoir quelque chose ou quand, par la connaissance que j'ai de l'essence de l'âme, je sais qu'elle est unie au corps." (dans l'exacte mesure où elle est l'idée du corps.)

Percevoir une chose par sa seule essence c'est en avoir l'idée, la forme intellectuelle, l'idée vraie fondée bien entendu non sur une évidence sensible mais sur une évidence rationnelle.
La connaissance du troisième genre est donc une "Science intuitive", qui accède à la connaissance des choses singulières dans leur singularité, par intuition intellectuelle: elle permet de voir chaque chose dans sa nature propre et dans son lien avec la totalité: elle est un mode de tel ou tel attribut de Dieu.

C'est ainsi que la connaissance du troisième genre perçoit directement les idées des choses singulières, chaque idée enveloppant le concept de leur attribut, c'est à dire l'essence éternelle de Dieu. La conséquence c'est que "plus nous comprenons les choses singulières, plus nous comprenons Dieu." (Éthique, V, XXIV).

On comprend que la nature, le suprême effort de l'esprit soit de comprendre les choses par le troisième genre de connaissance (Éthique, V, XXV).
Ce qui accompagne toute compréhension c'est la joie, mais celui qui accède à la connaissance du troisième genre éprouve la suprême joie. L'idée vraie est "un mode du penser, à savoir l'acte même de comprendre."

 

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La puissance de l'âme c'est le pouvoir de connaître: la volonté n'est qu'une abstraction

  

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