° Se Connaitre

PHILOSOPHIE - SE CONNAITRE par J. Llapasset

Le pardon

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Bien distinguer le concept:

« On confond souvent, parfois de façon calculée, le pardon avec des thèmes voisins : l'excuse, le regret, l'amnistie, la prescription, etc., autant de significations dont certaines relèvent du droit, d'un droit pénal auquel le pardon devrait rester en principe hétérogène et irréductible ».

Quelques problèmes pour notre rencontre:

1) Un pardon sans mélange, un pur pardon est-il possible? Si non, le pardon est-il possible? Qu'est-ce qui le rendrait cependant possible?

" On confond souvent, parfois de façon calculée, le pardon avec des thèmes voisins : l'excuse, le regret, l'amnistie, la prescription, etc., autant de significations dont certaines relèvent du droit, d'un droit pénal auquel le pardon devrait rester en principe hétérogène et irréductible ».

« Un pardon « finalisé » n'est pas un pardon, c'est seulement une stratégie politique ou une économie psychothérapeutique ».

« Le pardon est donc fou, il doit s'enfoncer, mais lucidement, dans la nuit de l'inintelligible. Appelez cela l'inconscient ou la non conscience, si vous voulez. Dès que la victime « comprend » le criminel, dès qu'elle échange, parle, s'entend avec lui, la scène de la réconciliation a commencé, et avec elle ce pardon courant qui est tout sauf un pardon. Même si je dis « je ne te pardonne pas » à quelqu'un qui me demande pardon, mais que je comprends et qui me comprend, alors un processus de réconciliation a commencé, le tiers est intervenu. Pourtant c'en est fini du pur pardon ». « le pardon pur et inconditionnel, pour avoir son sens propre, doit n'avoir aucun « sens », aucune finalité, aucune intelligibilité même. C'est une folie de l'impossible ».

« En principe, donc, toujours pour suivre une veine de la tradition abrahamique, le pardon doit engager deux singularités : le coupable (le « perpetrator », comme on dit en Afrique du Sud) et la victime. Dès qu'un tiers intervient, on peut encore parler d'amnistie, de réconciliation, de réparation, etc. Mais certainement pas de pur pardon, au sens strict ».

« Je prendrai alors le risque de cette proposition : à chaque fois que le pardon est au service d'une finalité, fut-elle noble et spirituelle (rachat ou rédemption, réconciliation, salut), à chaque fois qu'il tend à rétablir une normalité (sociale, nationale, politique, psychologique) par un travail du deuil, par quelque thérapie ou écologie de la mémoire, alors le « pardon » n'est pas pur ­ ni son concept. Le pardon n'est, il ne devrait être ni normal, ni normatif, ni normalisant. Il devrait rester exceptionnel et extraordinaire, à l'épreuve de l'impossible : comme s'il interrompait le cours ordinaire de la temporalité historique ».

2) Ce qui sauve le concept de pardon: une référence à l'absolu:

"Si énigmatique que reste le concept de pardon, il se trouve que la scène, la figure, le langage qu'on tente d'y ajuster appartiennent à un héritage religieux (disons abrahamique, pour y rassembler le judaïsme, les christianismes et les islams) »

Citations de Derrida

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