° Se Connaitre

PHILOSOPHIE - SE CONNAITRE par J. Llapasset

Mais enfin, que peut-on savoir de soi?

     Site Philagora, tous droits réservés ©
_____________________________________________
 
  

«que peut-on »

marque à la fois une possibilité, une capacité et un droit. Ce que je peux, c’est ce dont je suis capable, dans les limites qui sont les miennes, mais c’est aussi ce dont j’ai l’autorisation (j’ai le droit de faire eci ou cela).

«savoir »

ce que je sais, c’est ce que j’ai appris, ce qui correspond à une instruction que je peux avoir reçu. Je sais où se trouve la capitale de la Colombie, je sais qui était Napoléon, comment résoudre une équation du second degré. Le savoir a une nature objective. Ce que j’ignore, sur ce même plan, c’est ce sur quoi je n’ai pas reçu une information suffisante, que je serais bien en peine d’expliquer, ce qui me contraint à faire un aveu d’ignorance. Le mot connaissance a un sens similaire, avec cependant une nuance : la connaissance est plus intimement lie avec soi. Le savoir peut nous rester extérieur, il peut-être sans incidence sur la vie : pour paraphraser Montaigne, une tête bien pleine, n’est pas nécessairement une tête bien faite. Ce qui importe, c’est que la connaissance descende dans la vie et la transforme, ce qui est connu est relié à soi, incorporé à soi.

«de soi »

le savoir de soi-même est connaissance de soi. La connaissance de soi est la compréhension de la signification du « je suis », la réponse à la question : « qui suis-je ? » L’objet de la connaissance de soi est le sujet lui-même, en tant qu’il est capable de s’appréhender dans ce qu’il a de propre et le différencie de ce qui n’est pas lui. Le Soi est le sujet pur, siège de l’identité. Le moi est le sujet psychologique siège des appartenances, le sujet qui rapporte tout à lui-même, l’ego de l’égocentrisme. La connaissance de soi diffère de la connaissance d’autrui, dans la mesure où le soi étant immédiatement présent, il peut-être connu de manière directe, tandis que dans la connaissance d’autrui, la connaissance directe est d’emblée un problème, s’il y a séparation des consciences .La connaissance de soi diffère aussi nécessairement de la connaissance des choses, puisqu’elle ne porte pas sur l’ordre de l’objet ou de la matière, mais sur l’ordre du sujet ou de l’esprit. Il s’ensuit que le concept d’objectivité valide dans l’ordre des choses n’y est pas applicable.

La connaissance de soi peut-être interprétée sur des plans très différents qu’il ne faut pas mélanger: 1) elle peut-être ramenée à la connaissance pratique de se soi, par exemple l’idée d’une évaluation de soi, de mes limites dans le sport, ou dans les capacités scolaires. Les tests d’évaluations en tout genre n’ont pour fonction que de mesurer une performance. Le test de QI mesure seulement une capacité de résolution de problèmes intellectuels, seulement l’intelligence abstraite (il ne dit rien de l’intelligence relationnelle, ni de l’ingéniosité pratique). Cette définition de la connaissance de soi reste pauvre. Connaître ce que l’on est c’est autre chose que de connaître ce dont on est capable. 2) elle peut-être ramenée à une connaissance empirique de soi-même : c’est par exemple la tentative pour cerne le caractère de quelqu’un par une classification dans un genre (sentimental, émotif etc.) ou le tempérament à partir de la constitution physique de la personne. 3) C’est aussi l’étude de la personnalité avec ses traits dominants liés à l’histoire personnelle de chacun. Chacun d’entre nous s’imagine d’abord être un « moi », une entité cachée au regard, abritée derrière les pensées, un moi avec ses préférences, ses goûts et ses dégoûts, ses tendances et ses peurs, ses refus et ses haines, un moi qui traîne derrière lui une longue histoire qui pèse sur le moment présent. 4) aussi est-on amené à identifier connaissance de soi et forme d’introspection, d’auto-analyse. Le journal intime, l’écriture autobiographique serait alors description de soi, élucidation du moi à travers le jugement porté sur soi. 5) d’où aussi une interprétation morale de la connaissance de soi dans l’examen de conscience réitéré. Se connaître reviendrait alors à se juger par rapport à un idéal. C’est de cette façon que le stoïcisme voit la connaissance de soi. Se connaître c’est discerner le personnage que l’on se donne, la vanité de notre existence pour mieux la transformer. La religion récupère aussi cette idée de connaissance de soi .6) La connaissance de soi peut aussi, en suivant une approche plus philosophique, être identifiée à la connaissance de la nature de l’esprit. Se connaître, c’est savoir ce qu’est l’esprit et comme l’esprit est présent à travers l’activité de la pensée, je puis me connaître en examinant ma pensée. En sondant la pensée Descartes découvre qu’elle enveloppe une certitude d’être la conscience de soi immanente au je suis. Le Soi appréhendé ainsi est appelé sujet transcendantal, le je, et il est distingué du moi empirique (celui qui fait l’objet de l’introspection, le moi condamnable pour ses travers, le moi qui veut tout posséder, le moi de l’avidité et du désir). C’est ainsi que Kant distingue l’appréhension empirique de soi (comme caractère tempérament etc.) dirigée vers l’ego et la conscience transcendantale de soi-même comme sujet auquel toute expérience vient se rapporter. Si on appelle connaissance de soi la connaissance du moi, elle diffère dont forcément de la conscience de soi. (PUECH)

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express