Antique (p.98).
Ce visage de faune donne la même impression ambiguë
d'attirance et de répulsion qu'un portrait d'Arcimboldo. Il ne manque pas de
charme, au premier abord, mais bientôt, une prolifération inquiétante rend
cette grâce monstrueuse.
"Gracieux fils de Pan! Autour de ton front couronné de fleurettes
et de baies, tes yeux, des boules précieuses remuent".
Quelles orgies suggèrent le "double
sexe", et les promenades nocturnes?
Voici donc une sorte d'hermaphrodite,
sans doute permet-il de jouir seul de soi-même et de n'avoir besoin de
personne...
Being
Beauteous
(p. 99).
L'essence de la beauté est objet
de désir et de mort. Les plaisirs amoureux les plus forcenés sont liés
aux blessures les plus atroces: l'un semble inévitablement appeler l'autre.
Cette vision vertigineuse nous
éclaire sur le délire féroce et désespéré de Rimbaud.
***
(p.100).
L'auteur évoque un corps à
aimer, d'une façon obscure et pessimiste.
Vies
I
(p. 100).
Une enfance pieuse, une nature
amicale, un temps plein de promesses... tout cela a disparu.
"Je me souviens des heures d'argent et de
soleil vers les fleuves, la main de la campagne sur mon épaule".
La stupeur fait vite
place au refus méprisant de la culture occidentale et des naïves
croyances du Christianisme. L'auteur n'a plus besoin de tout cela,
il a fait toutes les expériences, il sait tout par lui-même.
Rimbaud se console de
ses déceptions en se drapant dans un contentement narcissique.
Vies II (p.101).
Le temps de la formation est passé. L'auteur prend ses distances
face aux enseignements reçus. Il en sait maintenant bien plus que
ses condisciples. Mais comment employer cette science? "J'attends
de devenir un très méchant fou".
Le narcissisme devient menaçant!
Vies III (p. 102).
Le nombre et la variété des expériences accumulées par l'auteur
en ont fait un personnage omniscient. Mais personne ne s'intéresse
à ce revenant drapé dans sa fierté.
Pauvre Narcisse trop
savant, inutile et blasé!
Départ (p.103).
Rimbaud en a "assez",
"assez", "assez"! Il voudrait s'enfuir et
trouver du nouveau.
Royauté (p.103).
Dans leur prétention puérile et vaine à dominer les autres, deux
cabotins jouent la comédie du savoir, du sacrifice, de l'amour, et
s'offrent le plaisir d'un triomphe éphémère.
Ce jeu du roi et de la
reine, qu'aiment les enfants, est ici une compensation
bien pitoyable.
A une Raison (p.104).
Faire table rase du monde présent et voir surgir la perfection,
ce rêve permanent de Rimbaud s'exprime ici à merveille:
Un coup de ton doigt sur le tambour décharge
tous les sons et commence la nouvelle harmonie".
Mais cela est-il possible? Comment?
Nous nous heurtons toujours à la même impuissance.
Matinée d'Ivresse
(p.
104).
Pour un moment de délire heureux, tout est à tenter, l'inattendu,
l'incohérence, le renversement des logiques, la suppression des
normes, le masochisme, le poison, la drogue... A tout prix, il faut
arriver à autre chose, à ce qui s'appellerait peut-être "notre
très pur amour".
Cette folie du changement
amène un chaos inintelligible.
Phrases (p. 106).
Pour un amour unique et neuf, Rimbaud invente le meilleur et le
pire, de la naïveté à la cruauté. Il invente les lieux les plus
beaux, les contorsions les plus sottes.
De quoi veut-il nous
convaincre avec ces fantasmes inquiétants?
--------- (p. 107).
Contrairement à son
ordinaire, Rimbaud semble ici étonnamment objectif:
"comme
ça t'est égal, ces malheureuses, et ces manœuvres, et mes
embarras"...
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