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Auteurs

Arthur Rimbaud (1854-1891)

Les Illuminations. 

V- Enfance  - Conte - Parade


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Enfance III (p.93).

Quelques flashes insolites ou charmants: "Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée".

On a l'impression d'une comptine, ou d'un jeu enfantin. "Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois". Mais dans tout ça, rien ne marche, ni n'aboutit, et cela finit sur l'image bien cruelle de celui qui possède et qui se ferme à la misère. Ici, ce sont les rêves des simples, des enfants ou des pauvres, qui sont voués à l'échec. Nous restons dans le registre de l'amertume après l'espoir.

Enfance IV (p. 94).

Une très longue quête, faite de méditation, d'étude, de marche, et surtout de contemplation silencieuse, mène toujours plus loin, sans jamais aboutir. Le rythme lent déroule une suite de tableaux pleins de recueillement:

"Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant". La lancinante insatisfaction du poète est traduite de façon particulièrement attachante. Avec une résignation incrédule se fait jour en lui l'idée de "la fin du monde", toujours la même et toujours renouvelée.

  Enfance V (p.94).

La distance est prise par une descente aux profondeurs de la terre, d'où le poète juge les activités humaines avec amertume et dédain. Seul dans un monde imaginé par lui, où peut-être, "se rencontrent lunes et comètes, mers et fables", il peut à loisir se proclamer "le maître du silence", et magnifier son refus de lumière (de bonheur). A l'insatisfaction, vengée virtuellement par la disparition des cités et de leurs égoûts, s'ajoutent ici un mépris clairement exprimé, et une compensation narcissique.

Conte (p. 95).

Un prince tyrannique et sanguinaire, qui fait de ses désirs une divinité, finit par mourir de l'accomplissement même de ses rêves. Il découvre que le Génie qui parvient à combler ses voeux les plus extrêmes est lui-même. Ainsi, "Le prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle". Rimbaud donne ici libre cours à ses pulsions violentes de sensualité et de férocité, à son mépris pour les serviles et les femmes.

Ses actes forcenés aboutissent une fois encore à l'échec: "Il voulait voir la vérité, l'heure du désir et de la satisfaction essentiels". Mais il réalise (car le prince est sans doute le poète) qu'il est seul à pouvoir se comprendre et s'aimer comme il le souhaite. Cela justifie tous les narcissismes et tous les désespoirs.

Parade (p. 97).

On est ahuri, secoué, concassé dans cette foire sinistre, sorte de caricature de la ville, de la fête, du pouvoir, de la truanderie. Pour stigmatiser le vice sous toutes ses formes, Rimbaud a recours aux pires grimaces, aux incongruités les plus repoussantes, aux cruautés les plus atroces. Voilà un poème de compensation, où Rimbaud se défoule en déversant toutes ces horreurs, et où il se fait plaisir en les dominant de son mépris. Son narcissisme s'épanouit dans sa conclusion: "J'ai seul la clé de cette parade sauvage". Avouons que tout ça n'est pas folichon! 

Aurons-nous le courage d'aller au bout de ce sinistre rabâchage!  

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