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Auteurs

Arthur Rimbaud (1854-1891)

Les Illuminations. 

VIII - Illuminations

Avant de quitter Rimbaud, quelques derniers comptes à régler...  

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Dévotion (p. 141).
Après une invocation assez sage, le ton se fait impertinent. De la prière, quelle que soit sa forme, on arrive à la disparition de toute dévotion, par la disparition des mystères qui la sous-tendaient.
Rimbaud se détache par le mépris des attitudes religieuses apprises autrefois.

Démocratie (p. 142).
"Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce, ignorants pour la science, roués pour le confort, la crevaison pour le monde qui va".
Cette caricature d'une politique civilisatrice, qui détruit, corrompt, abrutit, avec la meilleure conscience du monde, fait frémir.
Une telle sévérité, à l'âge d'or de l'épopée coloniale, révèle une grande liberté de jugement et une lucidité sans concessions.

Scènes (p. 143).
Rimbaud évoque le phénomène éternel et universel du Spectacle. Une large oscillation fait tournoyer les structures: scène, gradins, coulisses, machineries, décors, jeux de lumière. Elle enveloppe les spectateurs. Elle suggère la comédie antique, le drame lyrique, l'intermède de boulevard, la musique. C'est le règne de l'Illusion.
Par petites touches, qui montrent la diversité de sa culture, l'auteur nous peint l'immense comédie humaine, une comédie qui ne manque ni de programmes, ni de matériel, ni de spectateurs, témoins passifs. Curieusement, les acteurs (les actifs) y restent invisibles...

Soir Historique (p. 145).
Pour un spectateur à l'âme simple, un enchantement se lève. Tout le légendaire des récits médiévaux surgit, et on se croit passé de l'autre côté du miroir, comme Alice au pays des merveilles.
"La main d'un maître anime le clavecin des prés, on joue aux cartes au fond de l'étang, miroir évocateur des reines et des mignonnes".
Mais c'est bientôt la grande farce de l'humanité, où s'écroulent les trônes et les empires.
Un monde ennuyeux et mesquin s'établit.
"La même magie bourgeoise à tous les points où la malle nous déposera".
Il sera inévitablement anéanti par le déluge et par le feu. La désillusion et la malédiction sont ici particulièrement rudes.

Bottom (p. 147).
"La réalité étant trop épineuse pour mon (son) grand caractère", l'auteur va fuir dans le monde animal, qui permet toutes les incongruités.
Il est oiseau explorateur dans un salon, ours amateur de myrtilles, animal aquatique. Et il termine âne "claironnant et brandissant mon (son) grief", applaudi par les femmes!
Cette fantaisie est une amusante façon de tourner en ridicule ce qui agace et d'échapper à son ennui.

H (p. 148).
"Toutes les monstruosités violent les gestes atroces d'Hortense".
Il y a sans doute une délectation perverse dans ce que suggère ce début tout en sifflements. Mais la satisfaction des pulsions les plus folles ne va pas sans blessures et tourments, porteurs, sans doute, de nouvelles délices...
Voilà les troubles de l'adolescence exposés dans un épouvantable miroir grossissant. Pauvre Rimbaud!

   Quelques derniers comptes à régler... 

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