° Rubrique  http://www.philagora.net/psychanalyse/

La psychanalyse

L'antiphilosophie de J. Lacan, par J-L Blaquier

 -pages: - 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10 - 11 (nouvelle fenêtre)

________________________________

  Actualité - Les mutations subjectives

Les mutations subjectives, en ses nouvelles formes de symptôme, appartiennent - il s'agit d'un enjeu démonstratif de notre travail - à une époque, mais aussi à un espace culturel antiphilosophique où l'Autre n'existe pas. La révolution cybernétique et ses effets culturels ne remettront pas en question, bien au contraire, l'espace de la cure, mais le procès de virtualisation, de déterritorialisation du commencement des cures, et l'extension du discours analytique en seront substantiellement modifiés. Dans une intervention dans la presse en octobre 2000 Jacques Alain Miller remarque :

" La technologie élabore des modes de présence inédite. Le contact à distance en temps réel s'est banalisé au cours du siècle. Que ce soit le téléphone, maintenant portable, l'Internet, la conférence vidéo. Cela va continuer, se multiplier, ce sera omniprésent, nouvelle répétition fondue dans la réalité du virtuel : oxymoron radical, joyeux et tragique. Mais est-ce que la présence virtuelle aura à terme une incidence fondamentale sur la séance analytique ? Non. Se voir et se parler, cela ne fait pas une séance analytique. Dans la séance, deux sont là ensemble, synchronisés, mais ils ne sont pas là pour se voir, comme le manifeste l'usage du divan. La co-présence en chair et en os est nécessaire, ne serait-ce que pour faire surgir le non-rapport sexuel. Si l'on sabote le réel, le paradoxe s'évanouit. Tous les modes de présence virtuelle, même les plus sophistiqués, buteront là-dessus. En somme, le divan restera. La présence restera. Et plus la présence virtuelle se banalisera, d'autant plus précieuse sera la présence réelle ".
Il faudra donc des psychanalystes pour " récupérer " ceux qui seront passés par la psychanalyse sur Internet, et des philosophes avertis pour rappeler à ceux qui peuvent l'entendre que si l'inconscient est virtuel en acte, réaliser le virtuel ne constitue pas le réel en cause dans l'antiphilosophie.
- Que serait l'espace virtuel, à venir de la démocratie sans les perspectives croisées de la non-philosophie avec la non-psychanalyse redistribuant les hiérarchies techniques et métaphysiques entre philosophie, science, droit, éthique, art, politique comme autant de ses conditions nécessaires de la singulière universalité du sujet ?
- Les îlots de communismes pratiques n'ont-ils pas été repérés par Althusser dans la mosaïque expansive, planétaire du système capitaliste ?

C'est du désir en son essence productive telle que Spinoza l'a dégagé que le nouveau du symptôme, au sens de Marx, peut se traiter. De même que le traitement du sujet, au " un par un ", selon les lois de l'amour et de la jouissance, n'est pas indifférent aux coordonnées collectives de l'aliénation imaginaire.
Le sujet-en-analyse est comme un nomade du corps sans organe. Il expérimente un régime zérologique du signifiant, moment vertigineux du doute radical et moment initial du cogito. Éventuellement, il peut s'ouvrir à un espace poétique, intensif, désexualisé, fou, imparlable du Langage. Immobile en son habitat psychique, il traverse le silence nécessaire des pulsions, place vide du sujet de l'énonciation ouvert au principe de sa schize, puis de sa division, berceau du rythme, du souffle, de la parole qui parle à l'autre. Sa demeure ontologique est exposée à l'Autre de l'Interdit, à l'Autre de l'impossible, à l'Etre quelconque du principe constitutif de la Loi, sans origine unilatérale, ni finalité pure. Le discours de la religion est absent, par définition, à ce qui cause matériellement l'avènement du sujet au discours. Le nom de Dieu vient forclore ce qui produit sa question de l'Autre : la cause finale répond de la cause première. Le serment d'union matrimoniale, par exemple entre l'homme et la femme, s'énonce ainsi par tout musulman : " Dieu est Dieu et Mohamed est un de ses prophètes ". 

Aucune science, aucune technique ne peuvent rien dire : le dire artistique de l'interprétation de l'analyste ne sera jamais le chiffrage, réductible à l'espace lisse, a-subjectif du mathème, pur mime du discours de la science en contre point et même à contretemps de l'automaticité mondiale des machines du Capital. Les machines algorithmiques de la grande révolution cybernétique multiplient autant la plus-value que les objets du " plus de jouir ", sa finalité à ce titre réouvre l'espace en réseaux non utopiques mais au sens strict, atopiques de la cyberdémocratie voire du cybercommunisme. Machines de la science ou machines du capital ne sont nullement un Autre qui existe puisque, ni bonnes, ni mauvaises en soi, elles ne cessent de déployer la finitude du psychisme, puisque le virtuel est aussi bien la puissance de nouage de l'imaginaire entre R et S que stratégies de croyances en l'Autre faux. 

 -pages: - 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10 - 11 (nouvelle fenêtre)

° Rubrique  http://www.philagora.net/psychanalyse/

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express