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Réflexions sur la nature de l'esprit par Pierre Lachièze-Rey  p:9

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Caractéristiques de l'esprit 

 Ainsi donc les deux premières caractéristiques de l'esprit sont l'éternité, principe de la reproduction indéfinie, - et l'adéquation à toutes les formes spirituelles possibles, principe de jugement et de réalisation.

 Aux observations précédentes, j'ajouterai les remarques suivantes qui ont été omises. D'abord en ce qui concerne les rapports des deux esprits, ce rapport est comme nous l'avons remarqué, analogue à celui de l'esprit et du monde extérieur, l'un servant de matière à l'autre. Or il est bien vrai que la matière est rebelle, mais sa rébellion ne pénètre pas dans l'intimité spirituelle et n'établit avec elle aucune complicité. Au contraire, dans le domaine des deux esprits, l'entraînement et la résistance de la nature sont intérieurs. Et il se trouve des cas où la nature agit dans la direction de l'esprit et parfois d'une manière opposée; ainsi la nature est plus ou moins rebelle; d'autre part, sa puissance d'entraînement ou de résistance peut être quelconque comme d'ailleurs plus ou moins grande la force de l'esprit qui doit le diriger ou s'y opposer. Toutes les modalités sont ici possibles et nous n'avons pas l'intention de les examiner ici. Mais nous ne prétendons pas à la manière de Freud, comme on a pu s en rendre compte, que la nature est foncièrement mauvaise; elle ne l'est que dans les cas pathologiques qui relèvent de l'aliéniste; tout ce qu'on peut dire c'est qu'elle n'est vraisemblablement ni entièrement mauvaise, ni entièrement bonne, mais l'un ou l'autre dans des proportions variables.

 Quant à la caractérologie, aux remarques que nous avons présentées, il y a lieu d'ajouter, outre la critique générale qu'on peut faire d'une classification et d'une topographie des caractères, qu'elle ne pourrait avoir quelque réussite que Si l'on pouvait établir une solidarité constante entre certaines dispositions ou directives fondamentales. Or la question est beaucoup plus subtile. On trouvera ici des exceptions et des ensembles beaucoup plus nuancés qu'on ne peut atteindre de cette façon mais seulement par l'intuition susceptible de saisir l'individuel. Il faut ajouter que la solidarité qu'on voudrait mettre en classes et en rubriques peut être de deux sortes: causale ou rationnelle. Or le procédé causal seul répondrait à la question. En effet le procédé rationnel suppose l'installation intuitive dans le caractère individuel lui-même comme idée directrice en vertu d'une hypothèse concrète que l'on peut modifier indéfiniment selon les nécessités.

 La troisième caractéristique essentielle de l'esprit, celle qui nous fait d'ailleurs pénétrer le plus profondément en lui est le pouvoir de judication. Le pouvoir de judication a toujours été considéré comme le pouvoir le plus caractéristique de l'homme. En fait ce pouvoir se confond avec la liberté que Descartes envisageait comme capacité de dire oui ou non, de prolonger ou d'arrêter une délibération. Malebranche qui pourtant ne reconnaissait ni à l'homme, ni à la matière un pouvoir de causalité accordait à l'homme le pouvoir de juger comme un pouvoir immanent. D'autre part Descartes, envisageant toutes les facultés humaines, les trouvait toutes limitées. Il considérait que seule la liberté était égale en Dieu et en l'homme, car, si en Dieu, elle pouvait s'étendre à beaucoup d'objets qui échappaient à la liberté de l'homme, considérée en elle-même, elle était indivisible puisqu'elle consistait dans le pouvoir d'affirmer ou de nier. Au point de vue moderne, nous dirons que la liberté et la possibilité de juger ne connaissent pas de limites, car tout leur est soumis, même Dieu que l'homme est libre d'accepter ou de refuser, même le réel dont l'homme peut toujours admettre qu'il a une valeur ou n'en a pas, même l'histoire dont le marxisme a dit: c'est elle qui nous juge, alors que c'est nous qui pouvons et devons juger l'histoire. Ainsi donc, conformément à l'opinion de Descartes, c'est la liberté du jugement qui affirme le plus nettement la transcendance de l'homme.

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