2 - Le parcours
Obligation |
Vient
du latin obligare = engager. L'obligation est un
engagement impliquant une ou plusieurs personnes qui
sont attachées ensemble par un devoir commun, l'obéissance
à une loi qu'ils se sont prescrite.
L'obligation suppose donc l'autonomie comme obéissance
à la loi qu'on s'est prescrite, la liberté: ce sont
des sujets capables d'être auteurs de leurs pensées,
de la voie à suivre et de leurs actions. En ce sens un
être qui se sent obligé ne peut être qu'être libre.
Parce qu'elle trouve son fondement et son sens dans la
liberté, l'obligation ne peut être niée, elle peut être
refusée mais ce refus ne l'empêche jamais d'éclairer
nos actes et de les qualifier selon le juste et
l'injuste s'il s'agit de l'obligation légale, selon
le bien et le mal s'il s'agit de l'obligation morale.
On distingue:
- L'obligation qui nous lie à
nous même, par exemple dans l'engagement d'une parole
donnée;
- l'obligation morale qui n'est autre que le devoir qui
s'exprime de manière catégorique indépendamment de
tous les appétits sensibles, qui commande absolument;
- l'obligation légale que notre "balance intérieure"
éclairée par le droit naturel, peut juger selon les
critères de l'intelligence, de l'équité et dans le
meilleur des cas de la charité.
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Contrainte |
C'est
d'abord l'action de lier, de serrer, de recourir
à la force.
Si, dans tous les cas, l'obligation renvoie à l'intériorité,
la volonté d'un sujet libre de se contraindre lui même,
d'hésiter et de choisir, la contrainte, au contraire, désigne
toujours une force extérieure qui
s'exerce sur un sujet de droit pour le forcer à ne pas
exercer sa volonté, sa liberté. Si, comme le
remarquait Rousseau, un brigand braque un pistolet sur
la tempe de quelqu'un il est évident que la victime
perd sa liberté de se déterminer par rapport à sa
volonté.
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Rapports:
Obligation et contrainte sont opposées mais ne sont pas nécessairement
contradictoires.
1-
Quand la maïeutique échoue, quand la violence se déchaîne
dans le silence ou les inarticulés, que faire sinon
exercer une contrainte? Le respect de l'obligation légale peut
donc être obtenu par la contrainte et en ce sens uniquement, on
peut forcer quelqu'un à être libre, à agir conformément à
la loi, en veillant à ce que la loi soit appliquée avec équité.
Les autres formes d'obligations ne sauraient avoir de complicité
avec quelque sorte de contrainte que ce soit: contrainte
physique, manipulation, contrainte morale ne sauraient par
exemple intervenir dans l'éducation.
2-
Dans l'éducation la contrainte prend la forme de l'autorité
qui commande et exige l'obéissance: la discipline. L'exigence
doit alors s'exercer au nom de la raison et donc avec mesure.
L'autorité n'a le droit de commander que ce que le sujet
pourrait se commander, pour son bien propre et jamais pour le
bien de l' autorité. Autant dire que l'autorité met
toutes ses forces à devenir inutile, à disparaître et à
laisser la place à la liberté du sujet sur lequel elle
s'exerce provisoirement et de manière mesurée, avec respect
pourrait-on dire.
3-
Reste que la contrainte obtient trop souvent le contraire de ce
qu'elle veut réaliser: par la violence de la guerre on ne réalise
pas l'ordre que l'on impose mais on suscite des manifestations
de rejet si la raison, le bien commun ne commandent pas: si le
respect ne remplace pas la violence.
A l'intérieur d'une nation l'usage de la contrainte provoque
les même réactions de rejet si l'application de la loi n'est
pas mesurée à l'aune de l'équité et de la charité. La démesure
dans l'application d'une loi, quelles que soient les raisons de
la loi, décourage les meilleurs, finit par atteindre les
innocents et répand dans la nation le sentiment qui ne tarde
pas à animer les victimes de l'injustice.
Entre le trop peu et la démesure le gouvernement doit donc
tenir la barre, ferme sur ses principes mais souple dans les
applications, sans jamais oublier que la loi étant appliquée
par des hommes les procédures d'appel doivent toujours être
respectées. On ne saurait appliquer la loi par l'intermédiaire
d'un robot .Le comble de la justice serait bien entendu
le comble de l'injustice. Jamais une loi n'éradiquera
la violence si les conditions qui amènent l'explosion de la
violence ont été ignorées.
Ne pas oublier la déclaration de Saint-Just dans son fameux
discours de Vendémiaire: "La force des choses nous a
menés là où nous n'avions pas pensé" = A répandre
l'injustice au nom de la justice car nous avons confondu la
contrainte des têtes qui tombent avec l'obligation des têtes
qui pensent.
Platon
pensait que le pouvoir était trop dangereux pour être confié
à des pragmatistes qui ont le regard collé au rendement et aux
statistiques, à l'immédiat du simplement utile, comme
l'automobiliste qui garderait le regard fixé sur son compteur.
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