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- Propédeutique pour mieux comprendre
Imaginons
quelqu'un qui aurait sur l'oeil une tache: il ne la découvrirait
que s'il rencontrait un miroir ou si quelqu'un d'autre le lui
signalait en le rencontrant. Autant dire que, pour qu'il y ait
un objet pour lui, il faut une distance grâce à laquelle il
aperçoit ce qui est jeté devant, un objet, une intuition
sensible (image comme forme sensible d'une chose) déterminée
par un concept, le concept de "tache".
Parce
qu'elle est jetée devant à distance par le miroir ou qu'elle
se trouve à distance du regard d'autrui équipé d'un appareil
d'optique, la tache objective va pouvoir être observée, éclairée
de diverses manières, mesurée par la comparaison de deux
espaces, par un sujet (l'oculiste) qui cherche à la connaître,
qui l'examine.
L'appareil
d'optique d'ailleurs, du côté de l'objet a un objectif et , du
côté de l'oeil un oculaire. Parce qu'il existe dans l'extériorité
de l'espace, l'objet peut être mesuré et la mesure mettra tout
le monde d'accord puisque chacun pourra s'il le veut la refaire:
ce qui est objectif est donc commun à plusieurs esprits:
en ce sens il relève évidemment de l'esprit.
Le
praticien qui examine ne se fie pas à sa subjectivité immédiate
qui lui a représenté comme énorme la tache lorsque le patient
lui est apparu sur le seuil de son cabinet. Le premier contact
avec l'objet était en effet subjectif, se fondait sur les données
de sa conscience immédiate. Mais, le point de vue objectif que
l'examen a construit reste une conquête de sa subjectivité, de
son intellect et en ce sens le subjectif est aussi l'objectif.
Simplement il est passé par ses efforts d'un point de vue
subjectif partial à un point de vue subjectif objectif, c'est
à dire qui en appelle à l'esprit des autres. Objectif et
subjectif sont en ce sens inséparables parce que toujours en
rapport. Seul le point de vue subjectif premier, immédiat,
arbitraire, est l'opposé de objectif.
La tache
examinée et mesurée est devenue par là objet de pensée
subjectif: le médecin peut alors le transmettre à l'esprit de
son patient.
On
distingue donc le subjectif comme conquête de l'objectivité,
fondement de la communication entre les esprits, qui réunit des
semblables et le subjectif immédiat, partial, arbitraire, pour
tout dire relatif à un individu isolé de ses semblables.
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