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- Propédeutique pour mieux comprendre, distinguer et
rassembler
=> Idéal
et réel, semblent opposer: est ce à dire qu'on ne
saurait les mettre en relation?
Si
d'une part, je souris du cercle tracé au tableau parce que le
tracé réalisé me semble inadéquat à l'idée que j'ai du
cercle et si d'autre part j'accepte ce tracé, c'est parce que
la géométrie ne s'occupe pas des lignes réelles ou des
solides naturels mais qu'elle a pour objets certaines lignes idéales,
invariables que de toutes façons aucune représentation réelle
ne saurait réaliser. D'évidence est idéal ce qui existe dans
et par la pensée indépendamment de telle ou telle réalité
tracée. Le cercle idéal est ce qui réalise parfaitement le
type du cercle, ce qui jamais ne se verra, ce qui ne peut que se
penser et donc ce qui ne peut exister qu'à titre d'idée.
L'inadéquation
du sensible tracé et de l'intelligible pensé éclate
donc parce qu'un contraire éclaire l'autre, parce que le
sensible tracé a au moins le mérite de mettre en lumière la
perfection de l'idée. Pourtant, sans l'idée de cercle, le
cercle tracé maladroitement n'apparaîtrait même pas.
Paradoxe:
Maintenant, si on me demande quel est mon idéal, me voilà bien
embarrassé: je cherche une idée pour produire un discours et
je n'en trouve pas. C'est que mon idéal c'est en effet ce que
je vis; et l'idée ou le concept quelles que soient leur
perfection relèvent trop de la généralité pour
exprimer l'originalité d'une existence: mon existence relèverait-elle
de l'idéal? Par quel mystère?
D'où une question: l'idéal et le réel sont-ils si opposés
qu'on veut le dire.
"L'idéal
est un poison s'il ne s'intègre dans le réel, et réciproquement,
le réel se vicie sans le parfum de l'idéal"
Amiel, Journal intime, 9 Septembre 1879.
"La pire négation de l'idéal est de
s'imaginer l'avoir atteint" J. Lacroix, Les
sentiments et la moralité, page 51
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