2
- Le parcours:
Expliquer.
=>
Du simple au complexe, du complexe au simple.
Expliquer c'est déplier ce qui était plié, c'est faire apparaître
des sources, mettre en évidence un lien objectif entre un phénomène
et un processus causal antécédent, ce qui le constitue. C'est
toujours présenter le simple comme origine et raison du
complexe.
Autant dire que expliquer c'est démontrer, rendre nécessaire
en exhibant une cause antécédente ou la loi sous laquelle un
phénomène se range. Il s'agit bien de déduire un phénomène
à partir de ses antécédents, et donc de couler les données
expérimentales dans le moule mathématiques de la rigueur des
enchaînements. Expliquer c'est arraisonner.
Expliquer c'est donc toujours prendre le risque de parler
d'autre chose (cadre formel) que de la chose qu'on explique.
Comprendre.
=>
Du multiple à l'un, un pari pour la cohérence !
C'est
prendre dans des limites, prendre ensemble selon un point de vue
synthétique, non pas recomposer en combinant du simple pour
aboutir au complexe mais ramener à l'unité d'un sens , d'une
intention, d'un projet, au point que l'un devient la raison du
multiple: comprendre c'est parier pour le sujet auteur de ce
qu'il pense et de ce qu'il fait.
=> La
compréhension procède dons par sympathie qui mise
(fait un pari ) sur la cohérence
d'un sujet avec lui même, sur la cohérence de ses actions avec
une fin: si l'acte prend son sens du projet, alors un être
raisonnable sensiblement affecté relève de la compréhension
qui prend en considération son point de vue de moi et de sujet.
En ce sens comprendre un acte c'est toujours le ramener à
l'unité, prendre en compte sa signification terminale.
Comprendre
c'est donc être capable d'expliquer du point de vue de l'intériorité,
en fonction de la fin visée par l'individu ou le sujet: c'est
faire le pari de l'humanité et de la liberté; parier qu'il y a
une cohérence entre le projet d'un sujet et ce qu'il fait
effectivement. En ce sens Sartre affirmait: "Notre
compréhension de l'autre se fait nécessairement par ses fins."
Cela ne signifie pas, loin de là, que beaucoup d'actions ne relèvent
pas de l'explication: chaque fois qu'il se laisse aller, qu'il
s'abandonne, le sujet redevient un individu et dans sa chute
retrouve des causes antécédentes déterminantes qu'il aurait
pu transfigurer en simples conditions pour peu qu'il l'ait
voulu. Ainsi, celui qui se laisse entraîner par la violence,
par les passions ou par tel ou tel trait de caractère à
commettre l'irréparable.
|