- Propédeutique
pour mieux comprendre: une distinction éclairante
=> Le parcours => Pour mobiliser cette distinction.
A
- Propédeutique:
une distinction éclairante.
Considérons cette citation d'Aristote. "L'acte est
donc le fait pour une chose d'exister en réalité et non de la
façon dont nous disons qu'elle existe en puissance,
quand nous disons, par exemple, qu'Hermès est en
puissance dans le bois ... eh bien! l'autre façon d'exister est
l'existence en acte." Aristote, Métaphysique, IV,
6, 1048 a.
-
Soit une
statue d'Hermès sculptée à partir d'un tronc d'olivier:
considérons ce tronc avant qu'il ne soit sculpté. En un
sens la statue était en puissance dans le
morceau de bois. Actuellement, grâce au travail du
sculpteur, elle est en acte, elle existe en réalité. Le
bois était bien capable de recevoir cette détermination,
en puissance de cela. La statue, elle, est en acte.
Mais cette puissance était pour ainsi dire passive
puisqu'elle ne passe pas à l'acte par elle même mais grâce
à une action extérieure à elle.
-
D'autre
part, il n'en est pas de même pour l'exemple suivant: le
poulet est en puissance dans l'oeuf, d'une toute autre manière
que la statue dans le bois. Dans ce cas la puissance est,
pour ainsi dire, puissance active.
-
On
distingue donc la puissance passive
(= le bloc de marbre ou le morceau de bois a la possibilité
indéterminée de devenir statue) et la
puissance active (= la graine contient la possibilité
de se réaliser en acte, effectivement)
B
- Le parcours.
-
Est
en acte l'être pleinement réalisé - en fait.
Ainsi la plante est la graine en acte, en ce sens c'est
l'acte de la graine par lequel elle prend une réalité
effective.
-
Est
en puissance l'être qui peut par lui même (la
graine) ou par un autre (le bois) accéder au plan de la réalité.
D'une part ce qui est en puissance se distingue de la réalité
effective en acte, mais d'autre part pour pouvoir donner
naissance à cette réalité effective, il faut bien qu'il
lui ressemble de quelque manière: par exemple, la liberté
est en puissance différente de la réalité effective de la
liberté conquise , mais il faut bien que la liberté en
puissance ait quelque ressemblance avec la liberté réalisée;
la graine se distingue de la réalité de la plante mais
elle peut accéder au plan de cette réalité: devenir
plante.
-
On
distinguera bien puissance active et puissance
passive. La puissance active ne doit pas cependant
faire illusion: chez l'homme elle reste lourde de passivité
devant la violence du temps. Le mouvement de la réalisation
de soi est passage de la puissance à l'acte par la volonté:
ce mouvement scande le devenir et de ce fait s'inscrit dans
la finitude, le changement, la croissance et la décroissance.
Le passage à l'achèvement de ce qui est inachevé n'échappe
jamais au temps qui ronge et fait disparaître ce qui apparaît
car aucune réalité n'a sa fin en soi et ne peut donc être
pleinement achevée (=> absolu), puisqu'elle dépend
toujours d'autre chose qu'elle (=>relatif).
-
Combien de
potentialités sont sacrifiées par un simple
"choix" d'orientation, volontaire ou imposé par
le niveau en telle ou telle matière! C'est que le temps
exige la succession (chaque chose en son temps ...), et donc
ce sacrifice , provisoire ou pas des autres potentialités,
sacrifice nécessaire (= qui ne peut pas ne pas être)
pour qu'une potentialité apparaisse en acte.
L'
Être en acte, pleinement achevé, ayant sa fin
en soi, ne comportant aucune puissance (potentialité,
virtualité) serait soustrait au devenir: Dieu. L'absolu
comme ce qui a sa raison d'être en soi. Certes, notre
élan vers l'absolu se marque dans notre volonté obstinée
à douter de nos réalisation scientifiques et
techniques et à rectifier nos conduites. Mais
finalement nous restons en puissance: l'ambiance de
l'existence humaine comme de la science c'est le
provisoire.
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C
- Pour mobiliser
cette distinction.
La distinction
en acte et en puissance sera précieuse dans des sujet qui nous
font hésiter entre le donné et le conquis. Ils portent souvent
sur ce problème: la vérité, la liberté, la valeur... Comment
pourrions nous les réaliser, comment pourrions nous les
chercher si nous ne les avions pas d'une certaine manière en
puissance? Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà
trouvé.
Par exemple: la
liberté est-elle une donnée ou une conquête ?
Ne serait-elle pas donnée en puissance, n'exigerait-elle pas d'être
reprise dans un effort de libération effective, de conquête
pour qu'elle soit réalisée effectivement en acte.
Ainsi la liberté serait à la fois donnée comme possibilité
et conquise ... une donnée à conquérir! Ne faut-il pas avoir l'idée
de liberté (et de vérité) pour les chercher? |