- Analyse
=> Synthèse => Rapports
A
- Analyse
C'est la
voie royale de l'étude, toujours un point de départ mais
jamais un point d'arrivée.
Action
de délier ce qui a été lié: dé-composition d'un
tout en ses éléments constitutifs; décomposition qui
révèle un ordre, qui saisit les rapports des parties
du tout qui est analysé.
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Par
exemple, l'âme a pu être analysée comme rapport entre
l'intelligence, la sensibilité et l'activité. Un texte peut être
analysé en dégageant le idées qui le constituent et en
faisant apparaître les rapports entre ces idées. Le risque de
l'analyse est toujours de réduire l'objet à de simples
conditions et de le perdre comme si on voulait étudier la vie
en coupant en quatre un lapin.
L'analyse
n'est donc jamais séparable de l'explication qui déplie les éléments
et fait apparaître ce qui les relie: un sens, une direction
vers une fin: non seulement l'analyse suppose une synthèse
première sur laquelle elle s'exerce (un tout, un texte...) mais
encore, bien conduite, elle prépare et rend possible de
nouvelles synthèses.
C'est
une simple étape dans un parcours toujours recommencé: ce
qui fait que l'analyse est un moyen de connaître les éléments
d'un donné, de se rendre capable de les engendrer en les
recomposant. A ce stade de réalisation parfaite, l'analyse est
ouverte à l'invention et s'identifie à la synthèse au point
que l'une et l'autre s'engendrent réciproquement.
B
- Synthèse
C'est la
voie royale de l'enseignement au point que ceux qui veulent
regarder directement la nature dans un laboratoire ne voient et
ne comprennent rien: vouloir enseigner la physique ou la chimie
par des observations est une entreprise simplette: en effet,
rien n'est donné tout est construit (Bachelard).
Acte
de poser ensemble, d'affirmer, de comparer des éléments
que l'analyse a distingué ou distinguera. Mais la synthèse,
loin d'être une recomposition mécanique, une simple
juxtaposition, s'appuie sur l'ordre mis à jour
dans l'analyse ou en invente un en combinant d'une façon
nouvelle, au risque d'inventer les éléments et le
nouvel ordre plus que de le découvrir.
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Parce
que, elle seule permet de comprendre (= prendre ensemble), la
synthèse est la voie royale de l'enseignement qui veut avant
tout s'adresser à des esprits. La synthèse est toujours un
pari, une erreur à rectifier, mais cette hardiesse de poser ce
qu'elle ne connaît pas sous (= hypothèse), ce qui surprend et
décontenance l'opinion, cette hardiesse de l'hypothèse a
souvent une valeur heuristique (elle permet des prévisions et
des découvertes). Il ne faut pas s'étonner si l'ambiance de la
synthèse est le provisoire.
C
- Rapports
A partir
d'une synthèse première, immédiate ou fruit de l'esprit,
l'analyse veut distinguer des éléments de la réalité donnée
pour préparer de nouvelles synthèses. C'est dire que , dans
une dialectique, analyse et synthèse s'engendrent réciproquement
et simultanément, chacune rendant possible l'acte de l'autre.
La synthèse distingue des corrélatifs qui
sont en relation de mutuelle dépendance: en ce sens un
contraire éclaire l'autre plus qu'il ne le nie. La synthèse
comme négation radicale est un monstre logique qui naît de la
confusion entre le contraire (ou corrélatifs) et le
contradictoire. Voir cette page: contraire
et contradictoire (lien en ouverture nouvelle
fenêtre)
La
synthèse ne nie pas, elle recueille. Il
est juste de dire que l'esprit synthétique est impatient et ne
prend jamais le temps de recueillir tous les faits. Mais, ce
serait du temps perdu, car le fait est ce que la science
fait en se faisant et dépend des théories synthétiques
comme de leur renouvellement. Ce sont en effet les synthèses
qui font apparaître des faits et leur organisations:
"Les hommes qui rendent la science ainsi synthétique
sont les grands hommes. Newton pour la physique, Lavoisier pour
la chimie." Claude Bernard, Le cahier rouge,
page 108.
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