Penser, concevoir,
juger, raisonner.
Une représentation
que la conscience n'accompagnerait pas ne serait rien pour nous
car elle ne nous apparaîtrait pas. Toute pensée est donc d'abord
conscience, acte de dépassement vers une chose et présence
à soi:
lorsque je vois, je sais que je vois, lorsque je sens je sais que
je sens, de manière immédiate. La conscience est un acte, un
mouvement qui s'apparaît à lui même en faisant apparaître une
chose: en un sens, penser c'est d'abord apercevoir une chose. Mais
c'est aussi exercer une capacité, celle de pouvoir varier les
modes de cet apparaître, les manières dont la chose nous apparaît.
Par exemple, en imaginant je fait apparaître une chose comme
absente.
S'apparaître à
soi même ce n'est pas se voir comme une chose dans l'objectivité
de ce qui est placé devant, c'est être présent à soi, s'éprouver
sur le mode du sentiment: une donnée immédiate "tellement
en nous, dit Descartes, que nous en sommes immédiatement
connaissant." Ce qui signifie que, au contraire des choses
extérieures que je connais par la médiation d'une représentation
sensible ou intellectuelle, d'une image ou d'une idée, les pensées
intérieures, je les connais sans intermédiaire, sans médiation.
Lorsque j'imagine ou lorsque je désire je sais immédiatement que
je désire ou que je veux. Je n'ai besoin pour le savoir de rien
d'autre que de cette présence à soi de la conscience: sans elle
je ne penserais pas.
D'abord,
avoir conscience c'est déjà penser,
appréhender une chose à travers une image ou une idée,
une forme sensible ou une forme intellectuelle de la chose
visée par une acte de la conscience que l'on appelle acte
de transcendance parce qu'il tend vers la chose, qu'il la
vise, qu'il se dépasse vers la chose, bien entendu sans
jamais se perdre car la présence à soi l'accompagne.
Par exemple, je vois une moto... Je sais que je vois une
moto. J'ai une image d'elle (une pensée) Je la reconnais
grâce à un concept.
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On
peut parler de l'auto affection de l'acte de transcendance ce qui
signifie simplement que l'acte de dépassement vers une chose s'éprouve
soi même est conscient de soi. Toute conscience est conscience de
quelque chose.
Penser
c'est aussi unir les représentations dans une
conscience. Comment les unir? Par abstraction (=
tirer de) de caractéristiques communes aux éléments
d'une diversité: par exemple devant la diversité de tous
les arbres, j'abstrais quelques caractéristiques
communes: racines, tronc, branches, feuilles.
J'obtiens un concept, l'arbre en général, et grâce à
ce concept, je peux prendre en un mot la diversité de
tous les arbres:du même coup j'ai la règle de
composition du concept, j'ai une définition en quelque
sorte: concept vient du latin cum (ce avec quoi), capio
(je prends).
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Je
peux dès lors penser l'arbre, non seulement celui que je vois
actuellement dans mon jardin, mais aussi celui qui se trouve dans
un jardin anglais.
Les
concepts, je peux les réunir dans un jugement:
par exemple, l'homme
est
mortel.
Dans ce jugement il y a le
sujet: l'homme.(concept)
Puis le
prédicat, ce que l'on attribut au sujet (mortel, autre
concept)
enfin la
copule (est) ce qui opère l'attribution, la liaison.
Les
jugements, je peux les enchaîner (autre manière
d'unir) dans un raisonnement:
1- Socrate est un homme
2- Les hommes sont mortels
3- Donc Socrate est mortel (conclusion).
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Nous
pouvons conclure de ce qui précède que penser c'est concevoir,
juger, raisonner: dans les trois cas, l'activité
consiste à relier des représentations plus ou moins élaborées.
Ce pouvoir de liaison à l'oeuvre dans toute pensée, on l'appelle
raison.
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que penser?
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