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Rubrique philo-poche
Cours de PHILOSOPHIE
par
J. Llapasset
Philo-poche
Sciences
de la nature et sciences de l'homme
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III-
Un effort de comparaison.
Comparer science
de la nature et science de l'homme revient à se demander si leur
distinction est pertinente, correspond bien aux processus
distincts qui les réalisent effectivement.
La stratégie qui
les distingue s'organise autour de trois axes issus du positivisme
scientifique: l'objectivité, la mesure, l'utilisation des mathématiques:
comparer revient alors à s'interroger sur la possibilité qu'ont
les sciences humaines de réduire leur écart par rapport aux
sciences de la nature au risque de perdre leur spécificité et
leur objet. La naïveté du projet apparaît dans sa tentative de
traiter les faits sociologiques comme des choses au risque de négliger
ce qui est proprement humain, quitte à s'en étonner. Les
formules lapidaires, c'est historique = c'est scientifique
caractérisent un tel dogmatisme.
A
- Ce qui distingue science de
la nature et science de l'homme.
Du
point de vue de l'objet:
1)
Alors que les
sciences de
la nature ont
pour objets des réalités qui, théoriquement, ne
changent pas
en fonction du temps et du devenir de l'humanité, les sciences
humaines étudient
une réalité en devenir qui est fonction
de la présence humaine:
-
dans
le premier cas le processus porte sur un objet différent du
théoricien et de l'expérimentateur,
-
dans
le deuxième cas, le sujet qui cherche est partie prenant de
l'objet étudié, ce qui rend l'objectivité beaucoup plus
difficile dans la mesure où, par exemple, l'historien qui
fait un effort d'objectivité, risque de perdre la sympathie
qui seule lui permettrait de comprendre l'aspect humain, le
sens de l'action qu'il observe;
si
l'objectivité des science de la nature exige que soit éliminé
des résultats la personnalité du savant, comment retrouver cet
aspect dans les sciences humaines sans que cela rendre le
chercheur aveugle à la spécificité de son objet?
Exemple.
Si l'histoire est la narration du devenir passé qui nous
a faits ce que nous sommes, il est bien évident que le
chercheur ne peut être indifférent à ce qu'il découvre
dans la mesure où il se penche sur ses racines et où il
est solidaires d'elles. Par contre, en physique, le
chercheur n'étant pas l'objet, l'objectivité est plus
facile.
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2)
Alors que les
sciences de
la nature construisent
des faits
(ce que la science fait en se faisant) par abstraction et
formalisation, les sciences humaines sont attentives aux événements,
à ce qui est vécu. Or si le fait de par sa constitution comme
modèle peut être déplié, expliqué dans la clarté et la
rigueur du concept scientifique (c'est le règne de l'esprit
rationnel), l'événement relève en partie d'une interprétation
selon un sens qui lui sera donné par l'observateur et qui n'est
pas nécessairement le sens de la réalité de l'événement: de
plus dans les actions humaines la motivation importe beaucoup et la
motivation n'est pas observable.
Grande est la distance entre un modèle et un événement: le modèle
relève de la rationalité, l'événement, relève de l'existence.
L'écart
entre le fait et l'événement est bien plus important dans les
sciences de l'homme que dans les sciences de la nature.
3)
Alors que les
sciences de
la nature posent
des problèmes et
que la problématique articule l'hypothèse et l'expérimentation,
les sciences humaines se heurtent au mystère
puisque leurs objets impliquent le sujet: si le problème est
totalement devant le chercheur, le mystère n'est jamais
totalement déplié car le chercheur est engagé existentiellement
dans l'objet étudié. La subjectivité est dans ce cas irréductible
à la clarté d'une explication. La compréhension ne sera jamais
qu'une interprétation invérifiable. |
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