° Rubrique philo-poche 

Cours de  PHILOSOPHIE par J. Llapasset

Philo-poche

 Le pouvoir 

Vers Page 1 - page 2 - page 3 - Citations

Site Philagora, tous droits réservés ©

__________________

III. Puissance et pouvoir

 - La puissance est le pouvoir de dominer des hommes, d'obtenir d'eux ce qu'ils n'auraient pas fait sans l'effet d'une puissance. Si on comprend qu'une action d'un Sujet sur lui-même est non seulement possible mais encore légitime puisque, ce faisant, il dispose de sa liberté, l'exercice de la puissance sur autrui pose le problème de sa possibilité et de sa légitimité:

  • de sa possibilité: plusieurs hypothèses proposent des explications de la puissance en déployant le processus de sa genèse, précisément ce qui la rend possible:

-Pour certains le pouvoir de dominer autrui s'enracinerait non dans celui qui domine mais dans l'obéissance d'autrui qui, s'identifiant au maître, aurait l'illusion de participer, à moindre frais, à l'exercice du pouvoir. Cela rendrait le pouvoir possible et légitime, du même coup, puisque celui qui obéit le ferait de son plein gré. Mais, d'une aliénation, soumission à la volonté particulière d'un autre, on ne tirera jamais la légitimité car ce qui contraint à suivre ne peut être légitime si le caractère essentiel du légitime c'est l'obligation à laquelle se conforme librement un sujet qui devient son propre législateur. De la paresse et de la lâcheté on ne déduira jamais l'autonomie, l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite qui est liberté selon Rousseau.

-Pour d'autres le pouvoir de dominer autrui s'enracinerait dans la croyance à la valeur des coutumes fondées sur la tradition. Là encore, si l'hypothèse déploie un processus qui rend possible la puissance, elle ne la rend pas pour cela légitime puisque la tradition tourne souvent au cauchemar pour les jeunes générations, comme le remarque Marx:
de toutes façons l'aliénation, qui est ici le résultat d'un contresens sur une tradition, à l'origine fruit d'une invention, ne peut rien légitimer.

-Pour les amis de la raison, l'État de Droit peut seul rendre possible et légitime le pouvoir en le distinguant définitivement de la puissance: ce qui rend possible le pouvoir c'est que chacun obéit en fait à des lois, êtres de raison: en cela chaque Sujet, en s'obligeant, obéit à la raison c'est à dire au meilleur de lui-même, au commandement qu'il se serait adressé à lui-même en utilisant sa raison. La liberté, comme autonomie, rend possible le pouvoir parce que, chacun l'exerce en se maîtrisant et accède ainsi à la liberté morale et politique.

Évidemment le pouvoir devient, dans ce mouvement, légitime puisque ce qui le réalise c'est la liberté de chacun qui reconnaît en reconnaissant la loi, à la fois la nécessité rationnelle de son application et ses limites: s'en tenir strictement à la fin, le bien commun, pour laquelle elle a été institué. C'est donc la poursuite du bien commun qui légitime la loi comme l'affirmait Thomas d'Aquin.

  • 2 - Puissance et pouvoir 

Hors du cadre strict de l'État de Droit dans lequel on ne peut exercer une puissance que par délégation ou service, puissance et pouvoir s'opposent comme aliénation et liberté, comme l'injuste et le juste.
Celui qui exerce un pouvoir légitime ne "dispose" pas du pouvoir mais participe à l'exercice du pouvoir comme serviteur de la loi: il est donc tenu en droit à respecter l'égalité de chacun et la liberté civile inscrite par la raison à l'origine de toute loi. Ce qui signifie qu'il doit commander abstraitement, indépendamment des particularités propres des individus, qu'ils soient riches ou pauvre, qu'ils soient ses amis ou ses adversaires: il ne peut utiliser par exemple l'argent public pour écraser les uns et soutenir les autres, ou même leur faire concurrence.
Celui qui, sous le masque du pouvoir, ne fait qu'exercer une puissance pour favoriser les uns et défavoriser les autres, en exerçant des préférences se conduit comme un despote, se met hors l'État de Droit et trouve nécessairement sa perte dans une course au prestige, en s'entourant d'esclaves et, comme une bougie qui finit, en se noyant dans son propre aliment! c'est l'usure du pouvoir qui en fait n'est que l'usure de la puissance et des excès de la démesure.

Si la puissance est souvent partagée entre coquins, toujours usurpée, le pouvoir ne peut être partagé: il reste entier au dessus de tous, pour le bien de tous: à tel et tel est confié son application pour une tâche précise encadrée juridiquement: il n'est jamais donné, c'est pour cela que les têtes les plus fières obéissent car, en obéissant à la loi,  ils n'obéissent à personne.

Mais il faut maintenant descendre dans les cuisines du savoir et de la puissance.

Vers Page 1 - page 2 - page 3 - Citations

° Rubrique philo-poche http://www.philagora.net/philo-poche/

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express