I.
Autour du mot: l’heure, le mouvement, le regret.
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L’heure n’est pas
le temps, elle ne mesure même pas le temps mais la trace d’un
mouvement rythmé qui parcourt un espace, recommence le même
parcours. L’heure passe, comme une mesure succède à une
mesure, comme un parcours succède à un parcours, mais le temps
ne passe pas: il dure.
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Le mouvement
de l’aiguille implique le temps: dire que l’aiguille a
parcouru le cadran c’est dire qu’il y a eu un avant et qu’il
y aura un après sans lesquels le mouvement n’existerait pas
pour moi. Si le mouvement est l’occasion d’une révélation du
temps, il n’est pas le temps puisqu’il l’implique.Il n’y
aurait ni regrets ni remords sans mouvement, acte de transcendance
vers un passé qui n’est plus à travers des souvenirs, ni
angoisse ni soucis sans anticipation d’un à venir qui n’est
pas encore. Ces sentiments témoignent du temps mais ne sont pas
le temps. En effet le retour et l’anticipation sont des actes de
la conscience, mouvement vers ce qui n’est plus, ouverture à ce
qui n’est pas encore: dans ces mouvements d’une conscience qui
se temporalise un horizon est façonné dans une ekstase qui
projette au devant un avant plan de lumière.
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Il n’y aurait ni regrets ni remords
sans mouvement, acte de transcendance vers un passé qui n’est
plus à travers des souvenirs, ni angoisse ni soucis sans
anticipation d’un à venir qui n’est pas encore. Ces
sentiments témoignent du temps mais ne sont pas le temps. En
effet le retour et l’anticipation sont des actes de la
conscience, mouvement vers ce qui n’est plus, ouverture à ce
qui n’est pas encore: dans ces mouvements d’une conscience qui
se temporalise un horizon est façonné dans une ekstase qui
projette au devant un avant plan de lumière.
II.
Parcours: la notion
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On accorde
que le temps est un flux scandé selon trois dimensions le passé,
le présent, le futur.
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Le temps physique ou objectif
"coulerait" du passé au présent et du présent au
futur, ce qui le fait ressembler à un destin ou un mécanisme nécessaire:
c’est que je ne peux ni l’arrêter, ni l’accélérer ou le
ralentir ni retourner en arrière: on ne refait jamais, au sens de
revivre, une année, on en fait une autre qui s’ajoute à la précédente.
Comme le remarque Proust, nous savons ce qu’est la mort par expérience
de la disparition de ce que nous croyions être comme si la vie
n’était qu’apparition et disparition.
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Au fondement du temps subjectif, au fondement de la conscience,
jaillit la temporalité
qui se temporalise sans cesse comme avenir (le jour de l’examen)
qui va au passé (c’était hier!) en venant au présent (le
vertige devant la page blanche). Pour chacun de nous, voir c’est
toujours voir venir et passer: l’écoulement se fait donc du
futur au présent puis au passé. Notre futur vient nécessairement
au présent qui se change en passé comme une série de trains qui
s’annoncent, paraissent, disparaissent devant un voyageur sur le
quai d’une gare.
Si
le temps objectif marque notre impuissance en nous faisant et en
nous défaisant, c’est un grand maître violent, grâce à la
temporalité l’homme
exerce un pouvoir par sa conscience
qui l’arrache au donné
-
L’avenir
est ce qui vient au présent: penser l’avenir c’est bien vivre
le présent qu’il implique dans la mesure où il va vers ce présent:
en ce sens l’avenir nous faire signe, nous renvoie au présent
de l’action qui doit le préparer, nous invite au sérieux.
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Viser le présent
c’est viser l’avenir d’où il vient et le passé où il va.
Autant
dire que dans l’horizon total du temps s’enracine la
possibilité d’être conscient et de vivre en conséquence:
savoir et pouvoir, marque de notre puissance.
Mystère
du parcours: comment appeler temps deux choses si différentes?
Comment passer de l’une à l’autre, du temps subjectif au
temps objectif? Comment réunir un milieu et la projection d’un
avant plan de lumière?
*
3 Citations:
"La
conscience du temps, sous sa forme la plus pure, c'est
l'ennui" L.
Lavelle
"Ce
temps opératoire est si différent du temps existentiel qu'il
faut presque toujours choisir entre l'un et l'autre" G.
Berger
"Le
temps demeure le même parce que le passé est un ancien avenir et
un présent récent, le présent un passé prochain et un avenir récent,
l'avenir enfin un présent et même un passé à venir, c'est à
dire parce que chaque dimension du temps est traitée ou visée
comme autre chose qu'elle même..." Merleau-Ponty
Des
pistes de lecture:
St Augustin, Les
confessions , livre X et XI
Lavelle, Du temps et de l"éternité
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (p.482)
Roger Dadoun, La violence (p. 49 à 54) coll. Optiques de Hatier
et pour les courageux... Pierre Boutang, Le temps coll.
Optiques de Hatier (commencer
par la fin, la critique de Kant)
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