° Rubrique philo-poche 

Cours de  PHILOSOPHIE par J. Llapasset

Philo-poche

L' IDÉE

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I. Autour du mot: le concept, l'idée générale.

 - Le concept unifie la diversité du sensible par des traits purs, qu'on ne verra jamais, mais qu'on reconnaîtra toujours dans des jugements de connaissance qui mettent en relation une intuition sensible et un concept qui la détermine: mise en relation avec un concret que le concept rend possible. Le concept (ce avec quoi je prends) est un outil, un serviteur, jamais un maître: on ne meurt pas pour des concepts, on les modifie, car le concept est le produit d'un jugement qui peut toujours être repris: le concept ordonne des observables, le concret n'est tel que par l'abstrait.

 - L'idée générale n'est qu'une classification par ressemblance de ce qui est utile à la vie: ce n'est pas une abstraction mais plutôt un découpage de l'environnement selon l'être de l'organisme, selon les perspectives de ses intérêts: c'est l'herbe en général qui attire l'herbivore...

- Ni le concept ni l'idée générale ne peuvent être confondus avec l'Idée, car l'Idée ne dérive pas du sensible, ce serait plutôt le sensible qui dériverait d'elle comme ce qui dérive de l'original, du modèle:
Alors que le concept et l'idée générale sont ordonnés au sensible, à des observables qu'ils ordonnent, l'Idée s'élève au dessus des concepts, au-delà de la nature pour la juger et parfois exiger sa transformation.

II. La Notion                   

   - L' Idée (de oran, voir), c'est d'abord la forme intellectuelle d'un objet tel qu'il est. On dira par exemple l'Idée de la phénoménologie. Autant dire que l'idée relève de l'esprit attentif qui la saisit dans un intuition actuelle. Qu'elle soit bien distinguée des autres idées et je ne lui attribuerai rien de ce qui ne lui appartient pas: l'idée est alors distincte. Encore faut-il que je puisse en analyser tous les éléments ce qui me permettra d'en donner une définition réelle par une analyse exhaustive: ce serait l'idée adéquate.

- Par exemple si je peux avoir une idée claire d'un poème en le jugeant beau, je suis incapable de dire pourquoi en n'analysant que l'émotion esthétique. L'idée claire et distincte ne sert donc que d'étape vers l'idée adéquate qui seule me permettrait, par exemple, d'analyser les couleurs et d'expliquer à un aveugle ce qu'elles sont. J'en suis bien incapable.

- L'idée a donc un caractère d'utopie, d'idéal toujours poursuivi et jamais atteint. C'est alors l'objet idéal du désir puisque le désir naît du manque éprouvé et que, à l'idée, rien de sensible ne correspond de sorte que le creux, l'intervalle entre le donné et le promis accroît le désir au fur et à mesure que la réalisation se recule. En ce sens amour est philosophe.

 - Ainsi le désir est désir de l'Idée, de la vérité, de la justice et de la beauté comme l'utopie est fille de la pensée, l'idéal de l'idée.
L'idée, fille de la raison, n'est qu'un principe régulateur qui unifie tous les états internes comme MOI, tous les états correspondants à l'extérieur comme MONDE.  Le moi et le monde sont unifiés par l'idée de DIEU.

- Mais l'idée, parce qu'elle fuit devant le désir, est un mobile pour l'homme qui peut céder à la tentation de la réaliser envers et contre tout. Celui qui hypostasie, érige en réalité absolue, une idée se conduira toujours comme un tyran des corps sensibles et de l'environnement: on en viendra à mourir pour des idées. L'idée est alors d'autant plus dangereuse qu'elle propose toujours des lendemains qui chantent, un bonheur parfait et futur qui dévalorise le milieu, le donné par une sorte de malédiction, celle de l'espoir.

  - Laissons les idées au ciel de l'utopie comme des astres qui orientent notre liberté: vouloir imposer par la force une idée dans le monde, c'est provoquer un désastre qui dévore les libertés et les individus.

Quelques citations:

"Si des idées sont des forces c'est non seulement par ce qu'elles ont de clair, mais surtout par ce qu'elles ont d'obscur" M. Blondel, L'action p.112

"Rien de plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée" Alain Juillet 1930. Libres propos.

"Avec Platon, nous dirons que les idées en général, et, à la limite, l'Idée suprême, sont le seul véritable objet de la science" E. Goblot Traité de logique p.115

Des pistes de lectures:

Platon:

La République

Descartes: 

Réponses aux 5èmes objections.
Secondes réponses.
Lettre à Mersenne juillet 1641

Leibniz

à Simon Foucher 1676

Hegel:

Encyclopédie

J. Lacroix:  

Le sens du dialogue Neufchâtel

J. D'Hondt:

Hegel textes et débats, le Livre de Poche 1984

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