I.
Autour du mot: mot, concept, image.
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Le
mot est équivoque: il a plusieurs sens que le dictionnaire nous
donne: inertie signifie tantôt immobilité, tantôt résistance
et peut qualifier aussi bien la nature que l'esprit! C'est ce que
l'on prononce, souvent facteur de malentendu (de division), au
sens de mal compris: une maison où règne la tolérance n'est pas
une maison de tolérance. En fait le mot désigne un feu
d'artifices, une succession de perspectives souvent contraires,
des sens simplement juxtaposés.
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Le concept au
contraire tend à n'avoir qu'un sens défini, c'est ce que l'on
pense, une sorte de point de vue, un outil, qui prend ensemble
(qui comprend) une diversité de phénomènes: par exemple le
concept d'inertie prend ensemble tous les corps solides
qui, abandonnés à eux-mêmes, persistent dans leur état
d'immobilité ou de mouvement. Alors que le mot s'épuise dans une
signification mouvante, le concept est instrument de puissance qui
non seulement rassemble les phénomènes mais permet de les
prendre ensemble selon le même sens et le même point de vue.
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L'image,
forme sensible d'un objet, est toujours particulière et renvoie
au modèle dont elle est le reflet. En ce sens le concept est: le
refus de l'image dont le devenir décourage tout effort
d'unification; Ce qui naît de la volonté de trouver une relation
constante et nécessaire entre des phénomènes comme si, par un
effort d'abstraction, il les réduisait au même dénominateur,
loi et concept étant en étroite relation: le concept de
programme génétique unifie tous les systèmes vivants que
l'image distingue et sépare: l'image d'un corps humain et celle
d'un arbre peuvent être unifiées par un tel concept avec comme
conséquence la négation de deux images.
II.
La notion:
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La
formation d'un concept exige donc qu'on se détourne de l'image
particulière, ce qui signifie que le "fait" n'est
jamais donné mais construit, le fruit d'une démarche qui le
constitue, qui le fabrique, qui le "fait". Le principe
de cette démarche est l'effort d'objectivité pour saisir les phénomènes,
cette saisie s'effectuant par des concepts.
Que
le concept scientifique soit le fruit d'une démarche permet de
lui attribuer le caractère historique d'un devenir: une
succession d'abstractions, de mises en relation des phénomènes
par des lois qui sont autant de victoires sur l'emportement de
l'impulsion première, sur la première vision de la nature colorée
par des préventions, des préjugés, des croyances, des
habitudes, d'où le culte du mot imagé qui souligne que je vois
immédiatement le monde tel que je suis.
Il
ne faut pas s'imaginer la construction d'un concept scientifique
comme la déduction triomphante d'un calcul mathématique, mais
comme une enquête de l'esprit dont l'activité constructive est
toujours prête à s'étonner, à se réjouir de trouver autre
chose que ce que l'esprit a calculé: L'esprit est toujours prêt
à supposer sous le problème qu'il a fait jaillir (calcul déçu)
un processus qui rétablirait l'intelligibilité perdue et qu'une
observation réelle mesurable prévue permettrait de confirmer. |