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2. La Poésie
La
poésie est un type de texte visant à une harmonie sonore. Le poème
est écrit pour être lu à haute voix le plus souvent. Le texte en vers
dispose de moyens privilégiés pour donner un relief particulier à la
fonction poétique. Le texte en vers présente, dans l’essence, une
structure répétitive. La répétition est réalisée le plus souvent
par les éléments sonores. “L’usage poétique de la langue suppose
au moins deux principes : un intérêt porté aux moyens qui permettent
le message, un goût prononcé pour les jeux musicaux que fournit le
langage” (Darcos, Hasselot et Tartayre, 1988 : 77). La poésie veut
capter la musique de la langue en multipliant les jeux de sonorités
fondés sur des répétitions, des résonances et des échos. Il n’est
pas possible d’imaginer la poésie sans la musique. Et il n’y a pas
de musique sans répétition et échos. Comme les sonorités, les
rythmes contribuent de façon déterminante à dégager la musique du
texte.
Dans
la poésie il y a toujours des éléments métriques : le même nombre
de syllabe, d’accents ; le rythme, le strophe, le refrain,
l’anaphore, la rime, l’allitération ou l’assonance répétés
d’un manière régulière produisent des émissions vocales. Les
éléments essentiels du poème se basent sur les éléments sonores.
Par exemple la mesure des principaux types de vers (alexandrin,
décasyllabe, octosyllabe), les rimes (rimes riches, suffisantes et
pauvres), les assonances, etc.
Dans
l’enseignement de la phonétique, on peut utiliser les poèmes.
Empruntons la première strophe du poème d’«Automne» d’Alphonse
de Lamartine (Méditations
poétiques, 1820).
Salut,
bois couronnés d’un reste de verdure,
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
On
peut faire lire ce texte aux élèves par un mouvement ascendant,
c’est-à-dire, en allant du ton le plus grave de la voix au ton le
plus aigu. Deuxièmement, le professeur fait le relire par un mouvement
descendant, c’est-à-dire en allant du ton le plus aigu au ton le plus
grave. Dernièrement, on cherche ensemble la hauteur de ton naturelle
qui correspond à sa propre voix.
Le
poème retient l’attention par le rythme, par les éléments sonores,
l’allitération, l’assonance, la répétition des mots, des
syllabes, des sons ou de groupes de sons. Autrement dit dans la poésie
“l’articulation du signifiant au signifié est très structurée et
la redondance au plan de l’expression est forte” (Rey-Debove, 1979 :
53). Dans les slogans, dans la poésie ou bien dans la publicité on
utilise toujours les figures répétitives. Ce type de répétition a
une valeur emphatique. En répétant les éléments métriques on essaie
d’obtenir une harmonie sonore. D’autre part les éléments
répétés doivent se placer dans le forme de message. Au contraire la
répétition de la même action ou du même texte dans des lieux
différents ou bien dans le même lieu, n’apportent pas une harmonie.
Nous savons que la répétition ne change pas le sens des mots, mais
elle apporte une harmonie sonore. Mais la répétition d’une action ne
fournit pas une telle harmonie. C’est la répétition des phonèmes ou
du groupe de phonèmes qui peuvent la fournir. A ce propos Henry Suhamy
dit comme le suivant :
On ne peut pas affirmer que toutes les répétitions équivalent
à des figures de style. Un professeur qui répète son cours, un homme
politique qui déclame la même harangue dans toutes les villes, un
secrétaire qui envoie toujours la même lettre ne produisent pas des
figures par la seule vertu d’une activité monotone. C’est
la forme du message qui fait la figure, non la répétition du message
par le locuteur (Suhamy,
1988 : 56-57, c’est nous qui soulignons).
Les
textes sensibles à l’harmonie sonore ont des structures bien
élaborées. Par une telle démarche on tâche d’attirer l’attention
des lecteurs ou des auditeurs sur le goût musical du texte et sur
l’émotion.
Nous
voyons donc que dans les textes poétiques où la musicalité tient une
place importante, on cherche une harmonie à l’aide de la
répétition. Par les figures de style on peut obtenir l’émotion le
plus souvent. Parmi ce groupe de mots, il y a quelques figures qui sont
basés sur les particularités phonétiques. De ce point de vue,
l’harmonie ou la musicalité que cherchent ces types de texte sont des
activités phonétiques. C’est par les sons que l’on obtient la
musique. “Alors que les répétitions de mots entraînent un effet de
rythme, les échos sonores produisent surtout des effets
d’orchestration. Chez les poètes, la construction en écho est une
démarche tellement fréquente qu’elle fait partie du langage
poétique, au même titre que la versification ou l’image” (Suhamy,
1988 : 63). En définitive, les poètes sont des personnes qui sont
sensibles aux sons du langage et aux différents paramètres des
activités sonores.