° Rubrique philo-poche 

Cours de  PHILOSOPHIE par J. Llapasset

Philo-poche  

  La phonétique 

La langue à l'occasion de l'Enseignement de la phonétique et de l'Enseignement par la phonétique par V. Dogan GUNAY   

  • page 1 Introduction  -1. La Phonétique
    page 2 Dans la communication
    page 3 L'enseignement de la langue étrangère
    page 4 Langue parlée, langue écrite
    page 5 Enseignement phonétique
    page 6 Phonétique et étude des textes littéraires  Rhétorique
    page 7 Deux groupes de figures
    page 8 La poésie
    page 9 Figures de style: publicités, etc...
    page 10 Conclusion, bibliographie

Site Philagora, tous droits réservés ©
_________________

On peut distinguer ces figures en deux groupes suivant le nombre des phonèmes répétés. De la sorte, on peut parler de la redondance du signifiant totale et de la redondance du signifiant partielle. Dans l’homonymie, l’antanaclase, l’épizeuxe, l’anaphore et dans l’épiphore il y a une redondance totale alors que dans l’allitération, l’assonance, la rime, et dans la paronomase il y a une redondance partielle.

Dans l’épizeuxe, il s’agit de la répétition d’un mot sans conjonction de coordination. Quand Charles de Gaulle dit (le 23 avril 1961) : “Hélas ! Hélas ! Hélas !”, pour préciser la situation où l’on est, en répétant le même mot, il souligne la force d’une émotion. C’est une épizeuxe.

On peut dire la même chose pour le figure de style antanaclase. “Une antanaclase répète deux fois un même mot, mais avec des dénotations ou des connotations différentes qu’il appartient au destinataire de reconnaître” (Canu, 1992 : 142). Dans l’exemple “Une femme est une femme”, la deuxième “femme” est signifiée par l’auditeur.

Par l’homonymie il faut comprendre deux mots qui sont prononcés de la même manière mais qui peuvent être écrits différemment. Les homonymes sont des mots qui ont une même forme phonique. Mais leur écriture ne doit pas avoir la même forme graphique. Un seul signifiant détermine plusieurs signifiés différents. Ce groupe de phonèmes se différencie par leur sens. Nous avons donné quelques exemples dans la première partie de notre exposé. Nous voulons donner ici le groupe de phonèmes : [ver]. Ce monème peut être écrit en français de la manière suivante :
[ver] : vair (latin : varius) : une fourrure d’écu en contre-vair
[ver] : ver (latin : vermis) : le ver de terre
[ver] : verre (latin : vitrum) : un verre de bière
[ver] : vert (latin : viridis) : se mettre au vert / un drapeau vert / un dépôt de vert-de-gris
[ver] : vers (latin : versus) : un vers de douze syllabes / marcher vers la vérité.

Comme nous voyons, dans ce groupe, il y a un seul monème formé de trois phonèmes, mais ses signifiés sont différents.

Dans la poésie, en tant que la redondance du signifiant, nous pouvons parler de l’homonymie :

Là  la ---  
de ça, de la ---
Pareil à l’arbre  ---
Feuille morte ---
VERLAINE  

Là où la terre s’achève
 levée au plus près de l’air
(dans la lumière où le rêve 
invisible de Dieu erre)
Philippe JACCOTTET, Fin d’hiver    Quant à l’anaphore, dans la poésie, si les vers, les phrases, les paragraphes ou bien les membres de phrases successives commencent par le même mot ou le même groupe de mots, il s’agit de l’anaphore.

 Père d’or et de sel, ô Père intérieur,
Père d’eau, Père pur par l’arbre et par le feu,
ô source du Soleil, Père mystérieux,
Père continuel et pur par la douleur,
(Jean-Claude RENARD, Père voici que l’homme, 1955)

Dans ce poème le mot “père” est une figure d’anaphore. L’inverse de l’anaphore est possible. L’épiphore est L’inverse de l’anaphore. Les vers ou les phrases peuvent se terminer par le même mot.

Et toujours ce parfum de foin coupé qui venait de Bérénice,
qui résumait Bérénice, qui le pénétrait de Bérénice.
(Louis ARAGON, Aurélien, chap. XXV.)

Quant à la redondance partielle, on peut voir dans les poèmes ce type de figure. Par exemple dans l’allitération il s’agit de la répétition d’une même consonne. “L’allitération tend à marquer un rythme et à souligner le signifiant par la fréquence inhabituelle d’un même phonème” (Canu, 1992 : 146). C’est un figure utilisé souvent dans les poèmes, dans les chansons ou bien dans les slogans.
“Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?” (Racine, Andromaque, V,8)
           L’assassin sur son sein suçait son sang sans cesse.

Mais précisons que ce n’est pas une lettre, c’est un son. Dans ce cas, on peut dire qu’un même phonème est rendu par des graphèmes différents. Par exemple pour le phonème [k] du français, on peut écrire les graphèmes suivants :
[k] : c parc [park], ca carte [kart( )], cc accabler [akable], cch bacchante [bakat], ch chaos [kao], chaotique [ka tik], chrétien, enne [kretje,en], co combien [k bje], cu cuivre [k ivr], k kilo [kil ], képi [kepi], q coque [k k], qu quatre [katr], parquer [parke], x exciter [eksite]

On peut dire la même chose pour l’assonance. C’est l’homophonie d’une même voyelle.
“Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire” (Racine, Phèdre, I,3).

Ce figure aussi est la répétition des phonèmes, et non des graphèmes. Par exemple pour le consonne “[e] e ouvert” on peut employer les lettres ou groupes de lettres suivantes :
[e] : ai (balai [bale]), il aime [ilem], à la fraîche [alafre ], ay (balayer [baleje]), e (mer [mer]), bec [bek] è (mère [mer]), dès [de] ê (fête [fet]), blême [blem] é (événement [evenma]), ë Noël [n el], ect (suspect [syspe(kt)], aspect [aspe], egs (legs [le]), ei pleine [plen], reine [ren], es (tu es [tye]), ès (congrès [k gre]), est (il est [ile]), et billet [bije], (poulet [pule]), êt (forêt [f re]), ets (il mets [ilme]), ey (bey [be]).

La rime qui est l’un des redondances partielles précise la répétition régulière d’un syllabe : “Des crédits pour l’école, pas pour les monopoles” (6 + 6).

L’allitération, l’assonance et la rime sont des figures qui sont employés largement dans la poésie. Le poème est un texte en vers ou bien en prose rythmée. Deux types de répétitions se manifestent dans la poésie : il y a d’abord le réemploi du même phonème : allitération (consonne) et assonance (voyelle), la rime est ensuite une seconde répétition dans la poésie. Toutefois la rime est liée à un certain nombre de règle et d’usages.

La paronomase aussi est la répétition de syllabe, mais il ne s’agit pas d’une seule syllabe, mais de plusieurs syllabes dans des mots différents (Reboul, 1984 : 38). On rapproche deux vocables qui se ressemblent par le son. Mais il y a des différences par le sens entre ces ressemblances sonores.
La femme, boniche et potiche.
fense nationale, pense nationale, mence nationale”
Vouloir c’est pouvoir.
Trad
uttore, traditore.

On peut trouver la paronomase souvent dans les proverbes.
Qui vole un œuf vole un bœuf.      Qui terre a guerre a.

Dans l’homologie, il est question de la répétition d’un mot et d’un de ses dérivés (Canu, 1992 : 142). Par exemple dans la phrase : “Il est temps que les travailleurs travaillent”, entre “travailleurs” et “travaillent” il y a une relation homologique. On peut trouver la même chose dans le vers suivant d’Aragon : “Ses yeux sont si noirs qu’on s’y noirait”, il y a une sonorité de deux mots phonétiquement presque superposables. Il s’agira de la simple surprise causée par l’expectation noir, noircir frustrée en noir, noirait.

Il faut souligner que l’on ne peut pas traduire en une autre langue, les figures de style qui sont formés par la redondance du signifiant, parce que ce type de figure trouve sa valeur rhétorique dans une langue donnée. Pour une autre langue il n’apportera pas une telle accumulation des sons.

page 8 La poésie

° Rubrique philo-poche http://www.philagora.net/philo-poche/

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express