5.
L’Enseignement de la phonétique et l’enseignement par la phonétique
Le
système de l’écriture phonétique qui a acquis une écriture avec ses
propres règles s’écarte de la transcription de l’oral. Cet
enseignement se base sur l’application. Pour ce faire, on prend un
corpus et on le transcrit phonétiquement par des signes de l’Alphabet
Phonétique, ou bien on transcrit une écriture phonétique graphiquement,
par des lettres d’une langue. Dans l’écriture phonétique, les mots
s’écrivent comme ils se prononcent, c’est pourquoi l’écriture
phonétique est toujours plus courte que l’écriture graphique.
Comment
peut-on enseigner la transcription phonétique dans une classe ? Dans les
méthodes appliquées depuis longtemps en ce qui concerne la phonétique,
on suit une démarche suivante : on donne d’abord une liste de phonèmes
exprimant les différents sons du mot dans une langue donnée ; on suit
ensuite des démarches différentes : s’il s’agit d’un dictionnaire
on écrit la transcription phonétique de chaque mot. Mais dans un livre
à l’usage des élèves qui apprennent une langue étrangère, on écrit
la transcription phonétique et certains remarques concernant
l’intonation et le rythme pour les avertir à propos de la langue
étrangère.
Par
la phonétique, puisqu’il s’agit de l’enseignement des sons, il faut
commencer l’enseignement par la définition et les classements
convenables. En suivant les manuels de phonétique, on peut classer les
consonnes et les voyelles selon leurs traits distinctifs. On distingue les
phonèmes en trois groupes : groupe de voyelles, groupe de consonnes et
groupe de semi-voyelles, ou semi-consonnes ou bien glides. Du point de vue
du classement articulatoire,
le groupement des sons du langage (...) a été fait sur une base
articulatoire ou physiologique. [on prétend] comme point de départ les
différentes positions des organes de la parole pendant la formation des
voyelles et des consonnes pour établir des types vocaliques et
consonantiques : groupes antérieurs
et postérieurs, fermés et ouverts,
oraux et nasaux dans le
vocalisme, et des catégories dorsales
et apicales, fricatives
et occlusives, fortes
et douces, etc. dans le
consonantisme” (Malmberg, 1984
: 61).
C’est
ce classement qui est devenu traditionnel dans tous les manuels de
phonétique et dans l’enseignement élémentaire. De la sorte, selon la
localisation ou le degré d’aperture on peut grouper les voyelles. Les
sons utilisés dans la langue sont distingués selon le point
d’articulation et le mode d’articulation. Par le point
d’articulation, il faut comprendre le point de contact des organes
inférieurs avec les organes supérieurs fixes. Par le mode
d’articulation, il est question du mode d’ouverture des organes et du
degré de cette ouverture. En partant du mode d’articulation, on peut
distinguer les consonnes en tant que : occlusive,
fricative, constructive,
spirante, latérale,
vibrante, etc. De la même
manière, suivant l’optique de ce mode, on peut distinguer les voyelles
comme : orale [a],
nasale [a],
antérieure [i], postérieure
[u], labialisée [ø],
retracée [e], ouverte
[œ],
et fermée [i]. Par exemple
pour distinguer le phonème /u/ du phonème /a/,
le professeur peur faire une explication telle que : /u/ est une voyelle
orale, du point de vue de l’aperture ce phonème se place au premier
degré d’un système de quatre degrés, c’est une voyelle arrondie.
Tandis que /a/
(a ouvert) est une voyelle orale, du point de vue de l’aperture, cette
voyelle se place au dernière, c’est-à-dire au quatrième degré.
De
la même manière, pour distinguer les unes des autres, on peut classer
les consonnes selon les principes suivants : sonorité, point
d’articulation, par exemple articulation dans la région labiale, dans
la région dentale ou dans la région palatale, et enfin mode
d’articulation. Ce type d’étude facilitera la connaissance du
domaine. Dans chaque manuel de phonétique, nous voyons des classements
des sons selon :
- leur point d’articulation (antérieur ou postérieur) dans la
cavité de la bouche
- leur mode d’articulation (on dit aussi aperture pour ce mode),
l’espace entre la langue et la voûte du palais. Cet espace peut être
plus ou moins ouvert quand l’air est expulsé.
- leur caractère sonore ou sourd, c’est-à-dire leur aptitude à mettre
en œuvre ou non la vibration des cordes vocales.
Le
but de l’enseignement de la phonétique sera certainement de faire faire
la transcription phonétique aux étudiants. Pour ce faire le professeur
doit faire des explications facilitant la compréhension du sujet.
Par
la phonétique, on cherche à gagner à l’élève une prononciation
correcte, un accent convenable à l’original. “Sur le plan
phonétique, les paramètres essentiels qui caractérisent l’accent sont
la fréquence fondamentale du son, la durée, l’intensité et le timbre
vocalique” (Gardès-Tamine, 1990 : 20). Le rythme d’une phrase dépend
de l’intonation. “On regroupe [sous le terme de prosodie] des
phénomènes comme l’accent,
les tons, le rythme,
la quantité et l’intonation.
Ils font intervenir l’intensité, la quantité, la durée et la hauteur
du son. On les appelle parfois phénomènes
suprasegmentaux puisqu’ils échappent à l’analyse en phonèmes :
la phrase serait ainsi formée de deux lignes parallèles, celle des
phonèmes et celle de la ligne mélodique qui s’ajouterait en quelque
sorte à la première” (Gardès-Tamine, 1990 : 19). D’autre part, pour
étudier un poème on a recours souvent à ces éléments relatifs au
signifiant du langage.
Pour
chaque langue on voit des particularités différentes : c’est pourquoi
quand on enseigne une langue, le professeur doit considérer ces
particularités. Par exemple, du point de vue phonétique, le français
est défini par Joëlle
Gardès-Tamine de la manière suivante :
Le français se caractérise par une grande netteté articulatoire
due entre autres à une forte tension musculaire : les sons ainsi
particulièrement précis. (...) Il n’existe pas de diphtongues,
c’est-à-dire comme en anglais ou en ancienne française, des voyelles
qui changent de timbre au cours de leur émission (1990
: 9).
Pour
la même langue, en ce qui concerne les particularités orthographiques,
nous lisons une autre explication de la manière suivante :
Il faut comprendre que l’orthographe française n’est pas un
code de notation des sons, mais un système d’écriture et de lecture
des mots enracinés dans l’histoire de la langue. De ce point de vue,
elle remplit assez bien son office. Apprendre l’orthographe et la
respecter, c’est quitter dans une certaine mesure le monde des sons pour
l’univers du langage (Le
Nouveau Bescherelle : 2. L’art de l’orthographe, les homonymes, les
mots difficiles,
(1983) Paris : Hatier, p.9).
En
conclusion, la phonétique étudie la face matérielle des sons de la
langue. Elle s’intéresse à tout ce qui touche à la production et à
la perception des sons, des accents et des intonations. Ces phénomènes
linguistiques sont importants dans la communication orale. Les sons
peuvent se présenter dans des divers types. La phonétique les étudie
dans toute sa diversité et dans tous ses aspects : le côté
linguistique, le côté physique et le côté physiologique de la parole.
Toutes ces études sont faites pour la compréhension d’une langue. Dans
la méthode active, la phonétique n’est pas un accessoire, au
contraire, c’est l’un des moyens de l’apprentissage de la langue
étrangère.
Jusqu’à
présent nous avons expliqué l’application de la transcription
phonétique et l’étude scientifique de la phonétique et de la
phonologie. Nous avons dit que la phonétique peut être utilisée dans
l’enseignement de la langue étrangère. Nous nous demandons si la
phonétique peut être employée aussi dans d’autres étapes de
l’enseignement de la langue étrangère. Nous voulons proposer quelques
démarches pour enrichir le vocabulaire de l’élève.
Par
exemple, pour connaître les mots homonymes, on peut utiliser la
phonétique. On écrit les homonymes dans une situation et on demande aux
élèves de faire la transcription phonétique[1]
:
un mètre de
velours / le maître de
maison ;
la chose faite / la fête
de ramadan / le faîte d’un
arbre.
un brouillard dense
/ la figure de danse.
Il a servi une
passion qui l’asservit.
Je ne veux pas qu’on m’aime,
mais je le veux quand même.
un air connu / l’air
de rien / l’aire de
vent / l’aire de
stationnement / l’ère
de tertiaire / l’erre
du pétrolier / l’ers
est une plante fourragère / un drap en haire
/ un pauvre hère,
vraiment / un hère
de huit mois sans dagues / j’erre
/ tu erres / il erre
/ ils errent / que
j’erre / qu tu erres
/ qu’il erre / erre
!.
Il prit la faux avec
son air faux / il faut
éviter les fautes.
Son sac de son
pesait lourd / les bons exemples sont
brefs.
Je signe
que le mot “cygne”
qui signifie un
grand oiseau palmipède est un signe
linguistique.
Aller et venir/ hâler
la peau au soleil.
On
pourra voir donc des difficultés dans l’enseignement de la
prononciation ou de l’écriture des mots, des conjugaisons des verbes,
des nombres des adjectifs et des noms (en tant que singulier ou pluriel)
sont importants. Il faut considérer ces mots comme paronymes : il y a des
mots de (signifiés) sens différents mais de signifiants voisins. Il est
possible de trouver certains mots en français de cette manière. Mais
dans chaque langue, ils ne seront jamais nombreux.
Il
y a deux types d’homonymes (Genouvrier, et Peytard, 1983 : 210) : les
homonymes absolus appartiennent à la même classe grammaticale. Par
exemple la ressemblance entre les deux mots sain/saint
ou bien chair/chaire exprime
une homonymie absolue.
s’en tirer sain
et sauf -
le saint
patron de la corporation -
les lieux saints
de Jérusalem
Les
homonymes partiels sont des classes grammaticales différentes. La
ressemblance homophonique entre sein/sain
ou bien chair/cher exprime
une homonymie partielle.
s’en tirer sain
et sauf
au sein de
l’alliance
de faux seins
sous seing
privé
les reins ceints
une thune fait cinq
francs. |
avoir la chair
de poule
la chaire
du prédicateur
faire bonne chère
cher cousin et chère
cousine !
|
Comment
le locuteur prend-il ou a-t-il conscient que deux mots homophones
représentent deux signifiés différents ?
“Au niveau de l’oral, la levée homonymique dépend absolument des
éléments contextuels” (Genouvrier, et Peytard, 1983 : 210). Par
exemple “signer”
est un verbe d’action faite par le sujet. C’est de revêtir de sa
signature.
Quant au “cygne”,
c’est un grand oiseau, il peut être le sujet, l’attribut ou bien le
complément. Il n’entre pas dans le contexte qui admet le verbe signer.