3.
L’Enseignement
de la langue étrangère
Comment
est-ce que nous pouvons utiliser la phonétique dans l’enseignement ?
Pour répondre à cette question nous devons parler un peu des méthodes
utilisées dans l’enseignement de la langue étrangère.
Comme
nous savons ces méthodes sont changées complètement à partir de la
deuxième guerre mondiale. Jusqu’à ce temps-là on utilisait une méthode
dite traditionnelle par laquelle on vise à faire lire les textes littéraires.
Mais après cette date, le but d’apprendre une langue étrangère est
changé entièrement. Au lieu de lire des textes à sa langue originale,
on essaie de communiquer. Cela veut dire que l’écriture donne sa place
à la communication orale. De ce point de vue, la communication orale se
base sur la langue parlée. Mais on emploie aussi la langue écrite dans
cette méthode.
Le
but de la nouvelle méthode est de faire parler les élèves. Par cette méthode,
il s’agit toujours d’une approche communicative qui est fondée sur la
langue parlée. S’il s’agit de la langue parlée, il est question de
la prononciation et de l’articulation correcte des mots.
Puisqu’il
s’agit de la prononciation correcte d’une langue étrangère, il faut
introduire la phonétique dans cette méthode. Autrement dit, cette
nouvelle méthode vise à utiliser largement les recherches faites par
cette discipline. Comme nous savons, dans la méthode audiovisuelle le
seul but est de gagner l’automatisme. C’est avec cette méthode que
l’on commence à utiliser le laboratoire de langue. Dans des cabinets
isolés, les élèves peuvent écouter, parler et s’entendre. On utilise
le magnétophone dans le laboratoire. Précisons que cet appareil est
l’instrument par excellence d’une méthode d’enseignement de la
langue orale. Pendant les cours, basés sur la communication orale, le
professeur doit être attentif aux prononciations des élèves, et il peut
faire écouter plusieurs fois les cassettes enregistrées pour ces types
de méthodes. Il en résulte que, par la nouvelle méthode, la phonétique
commence à être employée dans l’enseignement de la langue étrangère.
Par
la phonétique, nous avons dit quelque fois qu’il s’agit de prononcer
correctement, d’articuler d’une manière convenable à l’usage
accepté par la société. L’articulation ou bien la prononciation se
manifeste le plus souvent dans la langue parlée (on dit aussi : la langue
orale). De l’autre côté, dans la langue orale, la prononciation
correcte ne suffit pas à fournir la communication. Celui qui produit un
message doit faire attention aussi à la prosodie, à l’accent, à
l’intonation, à l’intensité, à la durée en bref aux différents
paramètres des activités sonores. Cela veut dire qu’il faut employer
une langue sous ses règles métriques. La langue se présente comme la
suite des sons qui s’articule sur la chaîne parlée. Il n’y a pas de
discours oral sans intonation grâce à laquelle il est possible de
modifier le sens d’un message.
L’intonation
permet au message, dans une communication orale, d’exprimer
l’exclamation, l’interrogation, la surprise, la douleur, la joie,
l’indignation. A l’écrit, on a recours à une transposition au moyen
des signes typographiques (point d’exclamation, point d’interrogation)
ou d’une exclamation linguistique (Lafont
et Gardès-Madray, 1976 : 23).
On
peut obtenir avec le même mot des sens différents en changeant le ton.
On appelle ton,
“l’utilisation qui est faite dans certains langues d’oppositions de
hauteur comme unités distinctives : elles peuvent permettre de différencier
deux phonèmes, tous les traits pertinents étant identiques d’un phonème
à l’autre”. (Ducrot, Todorov, 1979 : 231). On comprend que le ton est
un niveau phonologique mais l’intonation est un niveau syntaxique. Dans
les phrases suivantes, à l’aide des intonations différentes on
distingue les groupes de phonèmes l’une de l’autre.
[søkilvœl]
: Ceux qui le veulent
savent ce qu’ils veulent.
Dans
la lecture à haute voix, la pause ou la ponctuation nécessite une
attention. “Graphiquement, la pause est marquée par une ponctuation.
Oralement, elle correspond à une aspiration d’air, à un moment de
silence, à une interruption de la courbe mélodique” (Vilemas-Butzbach,
1988 : 52). Répétons ces deux phrases suivantes :
On ne badine pas avec l’amour d’Alfred - de Musset.
On ne badine pas avec l’amour - d’Alfred de Musset.
En
changeant la place de pause, on obtient deux messages différents. De même
le changement de la ponctuation déplace le sens. Répétons les phrases
suivantes :
Cet homme, dit la femme, est incapable...
Cet homme dit : “la femme est incapable”.
Ce
soir, le roman d’un jeune homme pauvre, pièce en trois actes.
Ce soir, le roman d’un jeune homme, pauvre pièce en trois actes.
(Nous avons emprunté ces exemples de: Vilemas-Butzbach, 1988 : 53-54).
Pendant
d’une lecture à haute voix, le lecteur met en jeu toute une dynamique
corporelle d’articulation, de respiration, d’intonation, de ton, de
mimique. Pour contrôler la vitesse, le débit, les pauses et les
intonations, on peut donner des exemples telles que :
Ah ! pourquoi, dans les bois, Pépita m’épies-tu ?
Dans les bois, Pépita, pourquoi te tapis-tu ?
Tu m’épies sans pitié, c’est pitié de m’épier.
Ah ! pourquoi dans les bois, m’épies-tu Pépita ?
Celui
qui veut parler une langue doit obéir aux règles acceptées communément.
La syllabe d’un mot n’est pas toute prononcée avec la même intensité
sonore. Par exemple, les mots possèdent en français un accent qui se
place en général sur la dernière syllabe. Mais dans une autre langue
l’accent peut se placer sur une autre syllabe. On peut voir les mêmes
diversités dans l’usage d’autres éléments prosodiques.
Chaque
langue a un système de transcription, dit phonétique ou phonographique.
Pour la prononciation correcte on a formé un autre type d’écriture qui
est nommé Alphabet Phonétique. Les phonéticiens ont formé un système
de transcription pour les sons d’une langue. Aujourd’hui, par l’Alphabet
Phonétique International (en bref : API), il est possible d’écrire la
prononciation de toutes les langues du monde. Ce système d’écriture
phonétique est fondé, en 1886, par le français Paul Passy et
l’anglais Henry Sweet.
De
nos jours les livres de l’enseignement d’une langue étrangère précisent
l’API. Dans La France En
Direct, l’un des livres pour l’apprentissage du Français
Langue Etrangère (FLE), on précise l’écriture phonétique. Au-dessus
de chaque mot nous voyons l’écriture en transcription phonétique et
les graphiques exprimant l’intonation, la prosodie et le rythme. Cela
veut dire que, pour pouvoir utiliser cette méthode, le professeur doit
connaître la phonétique. On peut augmenter les exemples. Dans chaque
livre il y a un chapitre consacré à la prononciation des mots. Par
exemple, dans Le Français
Sans Frontières, pour chaque leçon, il y a une partie consacrée
à l’intonation. De même les grands dictionnaires du français montrent
la transcription phonétique de chaque mot. Il en résulte que, de nos
jours, la phonétique est l’un des éléments essentiels de
l’enseignement de la langue étrangère.
Dans
les livres de Grammaire, du point de vue de la prononciation,
s’il s’agit d’une situation importante, on exprime les deux cas :
dans la langue orale et dans la langue écrite. Par exemple, Le
Bon Usage décrit le féminin des adjectifs qualificatifs suivant
les deux langues. Pour la langue parlée nous lisons une explication telle
que : “Dans les adjectifs terminés au masculin par une voyelle orale ou
par une consonne articulée, la forme du féminin se prononce
identiquement comme celle du masculin” (Grevisse, 1980 : 368). On donne
quelques exemples : un homme poli- une femme polie, un mot vrai- une
parole vraie, un lieu public - une place publique. Pour la transcription
graphique d’une écriture phonétique, il y aura un ambiguïté.
Comment peut-on enlever cette ambiguïté ? C’est le contexte qui nous
aidera toujours. Par exemple malgré la distinction de l’écriture des
mots “leur livre/leurs livres”, il n’y aurait pas une distinction
phonétique entre eux. Mais si nous choisissons le singulier, nous devrons
l’employer avec la troisième personne du singulier d’un verbe :
“leur livre est ouvert”. Si nous choisissons le pluriel nous
obtiendrons “leurs livres sont ouverts”. Dans le contexte, l’élève
peut trouver des indices précisant le genre des mots. |