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Rien de plus modeste en apparence que le chercheur, rien de plus
tyrannique que le savant.
Dans tous les cas notre époque demande à la science ce qu'elle
ne peut donner, une compréhension et donc un pouvoir normatif
sur le vécu et sur le moral, la liberté.
Mythes
- "La science doit devenir le fondement de la
morale.
- Pour n'importe quelle question appartenant à un
domaine donné, seule l'opinion des experts dans ce
domaine particulier est pertinente.
- La science, et la technologie issue de la science,
peuvent résoudre la problèmes de l'homme et elles
seules."
J M Lévy-Leblond/Jaubert, Auto-critique de la
science, Seuil, pages 44-45.
Voir aussi comment la théorie des gènes est utilisée
pour justifier des soi-disant inégalités génétiques
et donc irréversibles!
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Il
suffit que le dialogue expérimental qui a produit un discours
soit oublié et que le discours devienne un monologue: les
extrapolations se multiplient à des domaines qui relèvent de
l'existence, de la liberté, de ce qui doit être. Mais
l'existence humaine exclut le mythe parce que là où le mythe
veut prescrire un destin comme un grand vent de l'histoire, un
enracinement dans une nature donnée, une existence libre
manifeste un cheminement de liberté qui ne peut être déduit
d'une théorie: quelle que soit sa valeur et sa puissance
d'explication aucune théorie ne peut calculer l'incertain d'une
décision libre.
A
une stratégie d'un pseudo savoir immobile pour l'exercice d'un
pouvoir sur les consciences s'oppose la vérité et la liberté
de l'existence.
III.
Science et philosophie: du mythe comme récit fabuleux
au mythe comme dimension de la pensée.
-
-L'intérêt
de la fin du Livre VI de la république de Platon,
la ligne (* lien en ouverture nouvelle fenêtre), c'est
de fonder une distinction qu'il est possible de considérer
comme l'acte de naissance de la philosophie, par la
distinction de l'opinion et du savoir: la philosophie
devient l'ennemie de l'opinion qui ne pense pas, qui
transforme ses besoins et ses désirs en connaissance. (cf.
Bachelard).
En effet cette
distinction fait éprouver un manque, creuse un désir de
vérité et de justice:
c'est donc à la fois le refus de ce qui "n'a que la
parole pour cause" (Alain), qui fait apparaître la
nécessité d'une enquête à la conscience de celui qui se
découvre entre l'ignorance et la sagesse.
Car, distinguer l'opinion du savoir, c'est n'être plus dupe de
l'opinion, reconnaître son ignorance et donc la stérilité du
monologue et de l'immobilisme.
Philosopher
est alors un acte qui ne se définit pas, qui s'accomplit; un
mouvement de conversion vers la vérité et la justice,
autrement dit vers un savoir vécu, une sagesse. Parce qu'il est
désir, amour est philosophe car il est pauvre
d'opinions et riches d'entreprises, comme autant d'expédients
comme autant de parcours, comme autant de dialectiques vers les
Formes: au lieu de se projeter, de transformer ses besoins en
connaissance, de construire un objet, il se laisse guider par la
Forme qu'il recherche: au lieu de penser par relation ou par
catégorie, du même au même, il s'élève au point de vue de
la participation. De l'immobilisme au mouvement, de la
passivité à l'acte, du monologue au dialogue, du sensible à
l'intelligible, dans tous les cas la conversion est changement
de sens.
Parce que pour un être libre qui cherche ce qui est vraiment
utile, ce qui importe, la sagesse ne dissocie pas la vérité et
la justice, parce que, une telle recherche est au-dessus
de toute considération simplement utilitaire, le dernier mot
doit appartenir non à la force ou à la violence mais à la
démonstration qui mesure le discours à ce qui est réellement,
à l'intelligible, à la définition ou à l'essence si l'on
préfère.
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