° Rubrique philo-poche 

Cours de  PHILOSOPHIE par J. Llapasset

Philo-poche

L' interprétation 

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I. Autour du mot.

On distinguera soigneusement expliquer, comprendre, interpréter

  Alors que expliquer c'est mettre en évidence un processus causal antécédent (la photosynthèse est un processus produit par un processus solaire),  interpréter c'est donner un sens, par exemple à un comportement: une signification et une fin. L'interprétation est d'ordre intuitif, l'explication est d'ordre analytique et discursif. L'interprétation saisit une unité au sein d'une multiplicité, ce qui fait sens.

Exemple: un tel sourit: il se moque (= signification) pour m'exaspérer (= fin). cela revient à considérer autrui comme un texte écrit qui ne peut, bien entendu, se défendre et qui est à la merci de l'interprétation.

"Il se ronge les ongles parce qu'il se sent coupable ...", c'est une interprétation. "Il se ronge les ongles parce qu'il a faim ...", c'est une tentative d'explication.

  On serait tenté d'identifier expliquer et comprendre: et, certes, toute interprétation est, en un sens, compréhension dans la mesure où elle prend ensemble par exemple, un regard et UN sens, un texte et UN sens. Mais, comprendre c'est, dans un effort d'objectivité, viser LE sens de ce sourire, de ce texte, de ce regard. La compréhension est liée à la recherche de la vérité, au souci de l'objectivité. Elle n'a donc pas la liberté de l'interprétation: 
Elle ne veut pas produire le sens, elle veut s'y soumettre. Elle voudrait réduire la part de probabilité de la saisie du sens.

Autant dire, que la compréhension a  une "fin": elle se termine dès que le sens est saisi. Alors que l'interprétation peut toujours se développer à l'infini : parce qu'elle est un pari de l'intuition elle restera toujours pari .

Dans une analyse psychanalytique, le patient dépasse sans cesse l'interprétation, dès son élaboration, puisque aucune objectivité ne saurait l'arrêter dans la quête du sens qui se révèle et se dérobe dans le même mouvement: c'est ainsi que la quête du sens d'un contenu manifeste épouse un mouvement indéfini.

  II. Le parcours.

L'impossible compréhension

La compréhension est l'origine et la fin (= but) de toute interprétation: on désire comprendre et on souhaite que son effort se termine dans la saisie parfaite du sens. En ce sens il n'y a pas d'interprétation sans compréhension désirée, sans l'idéal ou si l'on préfère l'idée de comprendre, de saisir le sens conformément à la réalité intérieure de l'intention.

Mais comme le sens est de l'ordre de la subjectivité, de l'intériorité il ne peut qu'être supposé: la vérification est impossible puisqu'on ne voit pas les coeurs... Reste que l'interprétation ne trouve sa mesure que dans un écart avec la compréhension.

Dans de telles conditions, ce qui existe réellement c'est l'interprétation plus ou moins adéquate à l'intention. L'interprétation est donc une compréhension qui doit se fier à l'intuition avec tous les risques que cela comporte.
L'interprétation se fonde sur l'existence supposée d'un coeur intelligent qui pourrait connaître avant même d'avoir analysé. On ne chercherait que ce que, d'une certaine manière, l'on connaîtrait déjà.

Comment l'interprétation pourrait-elle échapper aux choix et aux intérêts de celui qui interprète? 

Quel serait le critère de l'intuition bien ajustée? La capacité de l'objet choisi à éclairer, à mettre en lumière le sens et l'orientation des phénomènes, leur unité originaire au sein de la multiplicité.

L'interprétation est donc le résultat d'un acte intuitif qui prend dans tel ou tel sens, qui  traduit  un texte pour en exprimer le sens au risque de le trahir. Mais qui pourra mesurer le degré de la trahison, si le sens n'apparaît que par l'interprétation? Certainement pas par le moyen d'une autre interprétation ou par une succession d'interprétations.

=> Que toute vérité humaine est hypothético déductive c'est ce que nous révèle la réflexion épistémologique. Mais, l'expérimentation permet de falsifier l'hypothèse ou de la confirmer.
=> Que toute recherche sur le sens procède d'une croyance, d'une intuition qui pose le sens et s'épuise dans un effort pour comprendre ce qu'elle a posé en tentant de l'élucider par une analyse rigoureuse, nous aide à saisir que le sens est donné comme ce qui doit être sans cesse repris par l'interprétation comme dans un cercle d'une soumission conquérante. Humilité de l'homme qui n'est pas le maître du sens et vérité grâce à une reprise.

Si la science est hypothèse et vérification à l'infini, l'herméneutique est intuition à l'infini dans un cercle entre la synthèse et l'analyse dont elle ne saurait sortir: pourtant, au creux de ce cercle, jaillit une fécondité surprenante et avec elle l'entreprise philosophique dans laquelle c'est le même qui sait interroger et qui sait répondre, qui trouvera toujours des raisons de douter au coeur même des raisons de croire: surgissement d'une liberté.

=> Voir dans Repères: Expliquer / comprendre (lien ouverture nouvelle fenêtre)

III. L' Edit de Nantes = Page 2

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