I.
Autour du mot.
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On distinguera la démonstration de la preuve.
Dans
la démonstration, on s'adresse à tous les esprits en montrant la
nécessité d'un passage: on descend de ce qui est certain, évident
ou déjà démontré à ce qui peut en être déduit (= sortir de)
rigoureusement, par tautologie (= c'est la même chose de dire
ceci et de dire cela : si ceci est évident, cela est évident).
Dans
la preuve on s'attaque au doute d'une personne en s'efforçant de
produire un fait qui mette fin à son doute.
La
démonstration prétend établir définitivement ce qui doit être
nécessairement, par un discours, alors que la preuve cherche à
manifester ce qui est, par une intuition. La démonstration sera
la même que je m'adresse à Pierre, Paul ou Jacques alors que je
choisirai telle ou telle preuve selon la personne à qui je
m'adresse.
La
démonstration est une, universelle, la même pour tous parce que
formelle: elle ne saurait être "pliée" selon la
personnalité de chacun. La preuve est multiple car il n'y a pas
de fait et il n'y a que des interprétations: il est alors aisé
de construire des faits selon des interlocuteurs au risque que le
sujet ne retrouve dans le fait que sa fabrication, ce qu'il a
voulu que ce soit.
Toute
démonstration part d'une hypothèse qu'il nous est demandé
d'admettre, toute preuve part d'un doute qu'il nous est demandé
de dépasser en nous inclinant devant un fait ... par un acte de
croyance.
L'établissement
d'un fait par l'expérience ou d'une théorie par l'expérimentation
n'est pas une démonstration: il est impossible d'établir une
tautologie entre une théorie générale et une expérimentation
particulière: on ne démontre donc pas une théorie, on la
confirme ou on la falsifie par une observation mesurable ou par
une expérimentation.
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