° Rubrique philo-fac > Introduction à la phénoménologie

• A propos de Phénoménologie matérielle (Michel HENRY, PUF) 
  Notes de lecture.

I. Phénoménologie hylétique et phénoménologie matérielle (page 13 à 59)

Sur le titre, remarquons:

- que le terme phénoménologie est commun, il n'y a aucun abandon.
- Les deux adjectifs distinguent la phénoménologie de Michel Henry et celle de Husserl.
- Le français remplace le grec. L'auteur veut signifier que la phénoménologie de Husserl reste prisonnière d'un préjugé grec auquel échappe celle de Michel Henry.

A- Présentation des deux phénoménologies dans les quatre premiers paragraphes (pages 13 à 15):
- Henry souligne que la phénoménologie hylétique s'empêtre dans la définition de l'essence de la hylé ce qui la plonge dans trois questions, dans l'énigmatique, alors que la phénoménologie matérielle rétablira une cohérence que Descartes et Husserl n'ont pas atteint.

• a) Qu'est-ce que la phénoménologie hylétique? La définition de l'essence de la hylé (matière)

=> Husserl, ideen I, 85-86-97, traduction de Ricoeur. 1950
C'est le résultat d'une dissociation et d'une distinction:
- D'une dissociation entre la noèse, l'acte de la connaissance, et le noème, la représentation, le corrélat de la noèse. La noèse est identifiée au réel parce qu'elle est fondamentale: c'est la subjectivité. Le noème, lui, est l'irréel.
- D'une distinction. La subjectivité est la réalité. 
On distingue: les moments matériels ou hylétiques.
Les moments intentionnels. C'est à dire les qualités sensibles, les caractères noématiques et les purs vécus sensoriels qui sont les éléments réels de la subjectivité.

Il y a une grande difficulté car la définition est à la fois positive et négative. hylé:
=> La réalité même de la subjectivité
=> exclut toute intentionnalité

• b) De cette définition trois questions et une énigme jaillissent.

1- Une question sur la subjectivité absolue comme union de la hylé et de l'intentionnalité: comment cette union est-elle possible?
2- Qui définit la subjectivité? La hylé ou l'intentionnalité?
3- La réalité de la subjectivité peut-elle à la fois résider dans la présence de l'intentionnalité et dans ce qui l'exclut?

Par des citations, M. Henry illustre cette grande difficulté. Elle éclate, apparaît pour peu que l'on juxtapose deux extraits des idées directrices de Husserl.
- "L'élément sensuel qui en soi n'a rien d'intentionnel..." Idées directrices de Husserl Page 289
- "Les moments hylétiques et noétiques sont des moments réels du vécu." "Le vécu inclut dans sa composition réelle non seulement les moments hylétiques mais les appréhensions qui les animent." Idées directrices de Husserl, page 339.

C'est une énigme car l'union de ce qui s'exclut, ne peut être mélangé, ne peut en aucun cas produire l'homogénéité d'une matière fondamentale.

• c) La phénoménologie matérielle.

Puisque l'union ne peut être mélange, elle sera lien. L'une fondera l'autre et lui servira d'appui, comme l'auto-affection fonde l'acte de transcendance pour M. Henry. Ainsi la phénoménologie matérielle répond à la question: laquelle, de la hylé ou de l'intentionnalité, est en dernier lieu subjectivité?
Comment? Par une analyse eidétique de soustraction avec pour résidu phénoménologique le fondement de soi et de l'autre: il existe et s'il est là, l'autre est là aussi.
Autrement dit, la phénoménologie matérielle "apparaît" comme la réduction radicale de toute transcendance, réduction qui libère l'essence du sous-jacent.
A la page 15 de Phénoménologie matérielle apparaît Descartes. Le doute ébranle l'intentionnalité, jusqu'à découvrir ce qui subsiste quand la transcendance n'est plus là. C'est le mérite de Descartes.
Il reste une ambiguïté car Descartes hésite entre l'évidence et le fondement.
Au bas de la page 15, M. Henry annonce qu'il trouvera les lignes de force de la phénoménologie matérielle, par comparaison et par opposition, lorsqu'il se sera retourné vers le texte husserlien. C'est ce qu'il réalise de la page 15 à la page 23

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