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L'humain, le vivant et le vécu  avec Jacques Ardoino 

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Plus nous avançons dans l'ordre du vivant, avec l'espèce humaine, plus cette hypothèse de complexité devient incontournable. Les processus vivants ne sont plus seulement biologiques, physiologiques, chimiques ou physiques, mais aussi bien, et tout à la fois, psychologiques, psycho- sociaux, sociaux. On pourra qualifier cet ensemble de bio-éco-socio-anthropologique. 
Vivre c'est ressentir et ce vécu permettra des élaborations secondes. On parlera alors de « sensibilité », celle- ci s'avérant de surcroît éducable. L'émotion, le sentiment, la vie affective y tiennent, aux côtés de la rationalité, une part relativement importante. La conscience et le vécu les affectent, déjà riches des influences reçues d'autrui, des altérations. L'intentionnalité (qui peut très bien ne pas coïncider avec la conscience) et par conséquent le sens des conduites et des comportements deviennent objets d'attention et de réflexion critiques. 

La relation à autrui s'avère partout primordiale, y compris quand il s'agit du développement de la personne, du « sujet ». Ce dernier, au regard d'une optique psychanalytique, devra, à travers le jeu complexe des relations intra - personnelles et inter - personnelles, non seulement réaliser, assumer, accepter (en le combattant au besoin) l'autre en tant qu'autre, mais aussi découvrir et reconnaître l'autre, l'étranger, intérieur à lui même, celui vis-à-vis duquel il n'a pas nécessairement la capacité de contrôle ou de maîtrise: l'inconscient. Le deuil de cette impossible maîtrise sera peut-être la condition d'une moindre dépendance aux mécanismes cathartiques de «projection» par lesquels chacun attribue à l'autre, pour pouvoir le détruire plus commodément ainsi, ce qu'il ne peut ni ne veut reconnaître comme proprement sien. Indépendamment de la domination cynique, d'intention plus économique et plus stratégique, le racisme ordinaire y puise aussi des ressources non négligeables (mais, remarquons le, le fantasme de pureté originelle, souvent associé à l'idée de supériorité, tient ici encore son rôle de «fausse conscience»). 

C'est finalement ce «vécu», ressenti (le ressentiment n'étant qu'une de ses formes), éprouvé, qui va rythmer, scander, ponctuer l'existence en lui donnant des tonalités particulières et singulières, qualitatives, jusqu'à l'unité concrète d'une identité, elle-même fruit de multiples altérations et toujours en devenir. Les manifestations personnelles, groupales ou collectives de négatricité (capacité de vouloir et pouvoir déjouer par ses propres contre- stratégies les stratégies dont on s'est senti devenir objet de la part d'autrui) ne joueront pas dans une telle aventure un rôle négligeable.

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