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L'humain, le vivant et le vécu  avec Jacques Ardoino 

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  Dans les limites évidemment restreintes de cette contribution, nous nous attacherons seule" ment à développer quelques traits parce que jugés essentiels, parce qu'intéressant la problématique éducative. Sensibilité et réactivité propres: à la différence d'autres formes de matière, ou, plutôt, d'autres natures matérielles, susceptibles d'approcher de façon plus limitée ces mêmes caractères (réactions à l'air, à l'eau, au feu ou à la température), le vivant se distingue par un éventail beaucoup plus nuancé de réponses, certaines faisant appel à l'interprétation d'occurrences nouvelles, autant qu' aux jeux combinatoires des programmes. Pour donner une première idée, grossière mais déjà complexifiée, de telles différences (ou, mieux, altérités), il y a dans tout ce qui est matériellement fabriqué, construit (machines, ouvrages d'art, bâtiments), une flexibilité nécessaire, une souplesse, une marge de tolérance, un «jeu» mécanique, mais cela ne dépassera jamais les limites d'une élasticité. 

Quand il s'agira pour le psychiatre de flexibilité mentale, psychique, le« jeu» correspondant ne saurait sans danger grave pour la richesse de son intelligibilité être réduit au précédent.
Le caractère éminemment temporel de ces processus entraîne une mémoire (pas toujours nécessairement consciente) et une conservation des acquis. Il y aura ainsi, allant des formes les plus élémentaires à celles infiniment plus élaborées et différenciées de la vie, la base même d'une éducabilité. L'assimilation et l'adaptation des organismes à leur environnement soulignent à leur tour le caractère dynamique, interactif et réciproque, des échanges, hors desquels la vie ne saurait se maintenir. Les notions d' homéostasie, de régulation et de seuil exprimeront assez bien cet aspect systémique. L'interdépendance des organes et des fonctions sera mieux approchée par les représentations holistiques et les « lignes de forces» de la médecine chinoise que par celles plus analytiques de l'allopathie occidentale. La vie tient dans une « fourchette », entre des seuils en «hyper» ou en «hypo». La précarité et la fragilité du vivant, qui n'a d'autre moyen de prolonger sa durée de survie intellectuelle qu'à travers ses œuvres, en découlent. Ce sont encore de telles altérations (ici débarrassées de leur sens péjoratif habituel), inscrites et conservées aux fins de transmission et de reproduction, qui permettront une évolution relative- ment durable des espèces (voire dans certains cas des mutations). 

À la différence des minéraux, la notion de pureté est étrangère à la vie qui, de ses origines à nos jours, reste vouée à l'impureté, au mélange, au métissage (7). C'est aussi ce qui distinguera des, «processus» les «procès» auxquels nous faisions allusion supra (la pureté idéologique puisée aux sources de l'imaginaire y retrouvant alors toutes ses ambitions plus totalitaires, plus radicales).

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