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L'humain, le vivant et le vécu  avec Jacques Ardoino 

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L'extension des termes« vie» et« vivant» peut aussi bien comprendre l'immensité d'une planète dite habitée, avec sa géologie, sa géographie, son écologie, son atmosphère, ses climats, sa faune, sa flore, ses cultures et ses civilisations, leur histoire, ou l'animation, au besoin artificielle, d'un paysage ou d'une fête, que, de façon de plus en plus restrictive, le règne animal et ses différentes espèces, les sociétés humaines, les institutions, les organisations, les groupes, les individus, les personnes, les «sujets» humains et sociaux. 

Dans le domaine des connaissances scientifiques, ce sont donc tout autant les sciences de la terre, les disciplines astronomique, géographique, physique, chimique, que les savoirs biologique, psychologique, sociologique, psychosocial, ethnologique, anthropologique, juridique, historique, économique, politique, philosophique, logique, mathématique, qui se retrouveront mis à contribution, et bien d'autres encore. Indépendamment de leurs spécificités grammaticales (substantif, adjectif, verbe ou forme verbale), il y a des nuances sémantiques à entrevoir entre vie et vivant. La vie est plus uni- taire, et partant plus universelle; le, les vivantes) sont plus facilement entendus en tant que pluriels, multiples, divers. Même« le vivant », au sens générique et abstrait (l'ordre du vivant, la logique du vivant), est plus incarné, plus « imp1iqué », plus « affecté» que la vie (en laissant de côté évidemment tous les sens métaphoriques attachés à ce der- nier terme). Il y a, à ce niveau, notons le bien, une première difficulté pour notre entendement, supposant pour une meilleure compréhension une forme d'intel1igence plus dialectique que nos habituelles logiques disjonctives. La vie est un concept universel et, nous le verrons plus loin, c'est justement ce qui en fait une valeur, mais le vivant, les vivants, chaque vivant, se caractérisent tout autant par leurs particularités et singularités respectives. C'est bien l'unitas multiplex pascalienne et morinienne qui se trouve, alors, en question.

Stricto sensu, le vivant animal, voire végétal, nous semble se caractériser par sa sensibilité et sa réactivité propres, phylogénétiques et ontogénétiques, par ses comportements et ses conduites d'assimilation et d'adaptation permettant déjà un apprentissage réflexe (auto-programmé ou hétéro- guidé) ou un «dressage », un conditionnement, par ses capacités interactives d'évolution et par ses possibilités de mutation, par son viei11issement et par sa mort, variables en fonction des conditions internes et externes (environnementales) de survie, et, finalement, en tant qu'organisme bio- dégradable. Nous sommes déjà, ainsi, dans l'ordre de ce que les courants systémiques et plus particulièrement Edgar Morin ont voulu définir par le terme de complexité (ou complexification, à distinguer soigneusement de la «complication» (3), cartésienne ou positiviste, plus ingénieriale). Mais cette notion de complexité prendra une importance encore plus grande quand il s'agira du vivant humain socialisé. Tous les caractères précédents s'y retrouveront, évidemment conjugués, tramés, tissés ensemble; mais, à côté des formes plus holistiques, plus hologrammatiques, plus dialogiques, désormais classiques, de représentations des processus vivants, viendront s'adjoindre les incidences maturantes d'une temporalité- historicité- durée enracinée dans une mémoire (débordant largement les limites de l'engrammation) et enrichissant l'appropriation des acquis de l'expérience, les jeux spécifiques des désirs, pulsions et répulsions, la négatricité (4), les stratégies, les complicités (5), les altérations (6) élaborées à la faveur des relations avec autrui. Il conviendrait, dès lors, de distinguer soigneusement, en leur sein, entre des processus (naturels ou biologiques, élaborés, toujours inscrits dans une temporalité-durée vécue), des procès (au sens plus logique et dialectique du terme, rationnels et hors le temps-durée) et des procédures (également rationnelles, plus juridiques et plus techniques, administratives ou ingénieriales, construites, choisies, délibérées, calculées, et, en ce sens, plus artificielles).

Vers la page suivante: quelques traits parce que jugés essentiels, parce qu'intéressant la problématique éducative.

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