Toutefois,
la nage
de
l'homme à la surface de l'eau
n'a rien de comparable à l'aisance du poisson.
Ueda Akinari, « Carpes telles qu'en songe... » (1).
D
ANS CE QU'IL EST CONVENU de
nommer
les philosophies de la vie, l' œuvre de Henri Bergson tient une place particulière. Elle a en commun avec la pensée nietzschéenne, mais aussi avec celles
de Georg Simmel, Max Scheler et Arthur Schopenhauer (2), de souligner le rôle essentiel de la vie dans la connaissance des
objets, des êtres
et des événements. Cependant, à la différence des analyses de Nietzsche où la volonté de puissance s'exalte dans l'action du vivant, se joue des contraintes, dissimule, ment et se meut dans un chaos dionysiaque (3), l'élan vital bergsonien tente au contraire de dévoiler ce qui entrave la compréhension de la chose en soi (4) afin de
cerner la simplicité originelle de la vérité. La vie n'est dès lors plus
perçue comme l'expression de la force et de la ruse, car elle s'apparente au
combat de la fragilité et de la souplesse dans un monde matériel hostile et menaçant.
Vers
la page suivante: Intelligence et instinct
|