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Les
sept catégories de la subjectivation temps de la question
3)
Sauver
la subjectivation pluridimentionnelle
.
Notre
position est un appel au rejet de tout réductionnisme, ces visions
unidimensionnelles de la subjectivité, qui ont non seulement cours
dans les sciences positives, mais sont encore souvent issues
d'elles, et malgré elles, avec leur aveuglement épistémologique
pour les plus éthiques, ou
leur
avilissement mercantile pour les autres.
La construction d'un référentiel
des facteurs de subjectivation, aussi incomplète et balbutiante
soit elle, devrait permettre de repérer dans un premier temps, puis
d'engager un dialogue avec tous ces discours scientifiques et
pratiques sociales qui, plus ou moins naïvement, plus ou moins
cyniquement, enferment et réduisent l'expérience de n'importe
quelle subjectivité à ce qu'ils en savent, supposent ou imposent.
Ils rabattent leur savoir de la subjectivité sur l'expérience
vivante qu'elle fait naître, et comme aux beaux jours du
positivisme ils réduisent le vécu au su, au risque de l'étioler,
de l'étouffer. Car la vie subjective, la vie du sujet est le seul
lieu de l'existence réelle, de l'éprouvé du monde, de soi-même
et des autres, de l'intentionnalité et de la volonté, du désir
et de la donation.
La subjectivité est le seul lieu de l'apparaître
du monde, et par conséquent il n'y a de monde que subjectif. Devant
cette fragilité de l'apparaître, les subjectivités recherchent
des critères de validation de l'objectivité de leur perception
subjective et un fondement ultime du pensable en se donnant des critères
internes aux raisonnements, tels ceux de la logique formelle et de
l'expérimentation scientifique.
Au nom d'intérêts contestables
et aveugles, argent et pouvoir essentiellement, combien espèrent
anéantir
toute vie subjective, toute la vie objectivement subjective de
tout sujet humain? L'horreur de l'entreprise est profonde lorsque
c'est au nom du bonheur de l'homme que sont recherchées et réclamées
la désubjectivation, la déshumanisation et la dépersonnalisation
du sujet, comme c'est le cas aujourd'hui dans le domaine
biotechnologique et biomédical adossé aux industries du bien-être
et de la santé.
La dimension du Logos et des mises en scène, des
représentations du sujet qu'il offre (théories, images, etc.) a
pris une telle ascendance dans la perception et l'expérience de
notre environnement,
d'autrui et de nous-mêmes que rares sont ceux qui se rendent compte
de l'appauvrissement que tout rabattement du su sur le vécu
risque de faire subir aux autres modes de phénoménalisation de
la subjectivité, de ces apparitions dé nous-mêmes à nous-mêmes.
Interroger le monde et soi-même, c'est créer des trous, des négativités
dans leur phénoménalisation, c'est rompre le tissu de son apparaître
tel qu'il apparaît afin de faire advenir un autre monde, un monde
autre, un autre soi-même ou autrui. Ce sont les libres «jeux du je».
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