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C'est à quel sujet ? 

Un référentiel des catégories de la subjectivation 

par Philippe Oliviero - Université René Descartes - Paris V

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Les sept catégories de la subjectivation temps de la question 

  • «Quod libet» et les voies de la subjectivation

3) Sauver la subjectivation pluridimentionnelle .

Notre position est un appel au rejet de tout réductionnisme, ces visions unidimensionnelles de la subjectivité, qui ont non seulement cours dans les sciences positives, mais sont encore souvent issues d'elles, et malgré elles, avec leur aveuglement épistémologique pour les plus éthiques, ou leur avilissement mercantile pour les autres. 

La construction d'un référentiel des facteurs de subjectivation, aussi incomplète et balbutiante soit elle, devrait permettre de repérer dans un premier temps, puis d'engager un dialogue avec tous ces discours scientifiques et pratiques sociales qui, plus ou moins naïvement, plus ou moins cyniquement, enferment et réduisent l'expérience de n'importe quelle subjectivité à ce qu'ils en savent, supposent ou imposent. Ils rabattent leur savoir de la subjectivité sur l'expérience vivante qu'elle fait naître, et comme aux beaux jours du positivisme ils réduisent le vécu au su, au risque de l'étioler, de l'étouffer. Car la vie subjective, la vie du sujet est le seul lieu de l'existence réelle, de l'éprouvé du monde, de soi-même et des autres, de l'inten­tionnalité et de la volonté, du désir et de la donation. 

La subjectivité est le seul lieu de l'apparaître du monde, et par conséquent il n'y a de monde que subjectif. Devant cette fragilité de l'apparaître, les subjectivités recherchent des critères de validation de l'objectivité de leur perception subjective et un fondement ultime du pensable en se donnant des critères internes aux raisonnements, tels ceux de la logique formelle et de l'expérimentation scientifique.
Au nom d'intérêts contestables et aveugles, argent et pouvoir essentiellement, combien espèrent anéanti
r toute vie subjective, toute la vie objectivement subjective de tout sujet humain? L'horreur de l'entreprise est profonde lorsque c'est au nom du bonheur de l'homme que sont recherchées et récla­mées la désubjectivation, la déshumanisation et la dépersonnalisation du sujet, comme c'est le cas aujourd'hui dans le domaine biotechnologique et biomédical adossé aux industries du bien-être et de la santé. 
La dimension du Logos et des mises en scène, des représentations du sujet qu'il offre (théories, images, etc.) a pris une telle ascendance dans la perception et l'expérience de notre envi
ronnement, d'autrui et de nous-mêmes que rares sont ceux qui se rendent compte de l'appauvrisse­ment que tout rabattement du su sur le vécu risque de faire subir aux autres modes de phénoménalisation de la subjectivité, de ces apparitions dé nous-mêmes à nous-mêmes. Interroger le monde et soi-même, c'est créer des trous, des négativités dans leur phénoménalisation, c'est rompre le tissu de son apparaître tel qu'il apparaît afin de faire advenir un autre monde, un monde autre, un autre soi-même ou autrui. Ce sont les libres «jeux du je». 

 

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