° Rubrique philo-fac > Le Sujet

- PHILO RECHERCHE - FAC

Agrégation interne de philosophie : http://www.philagora.net/philo-agreg/

C'est à quel sujet ? 

Un référentiel des catégories de la subjectivation 

par Philippe Oliviero - Université René Descartes - Paris V

Site Philagora, tous droits réservé

_________________Page 1________________

"L'être ne se connaît que chaque fois par fragments, par perspectives. Il ne sait pas tout ce qu'il dit lorsqu'il dit: Moi"  Paul Valéry, "Impureté" (1)

Suis-je ? ACCEPTONS provisoirement la radicalité de la vivante interrogation carté­sienne suri' existence du sujet. Un jugement d'existence paradoxal, car le doute, jailli de la pensée pensante, vient suturer l'interrogation et re-dépose ce sujet apaisé, nouveau-né issu de la réponse à la question. Cette réponse en creux, née de cette forme de négation qu'est le doute. rassérène le poseur de la question «suis-je» ?

Ek-sister ? In-sister ! 

  • 1) Exister

L'inexistant ne pose ni ne se pose de question, il ne troue guère la phénoménalité du monde. Mais qui peut questionner, c'est-à-dire creuse, évide,

troue le plein de ce qui est, de soi, des autres, du monde? À qui, plus précisément à «quoi dans qui», s'adresse cette réponse et le satisfait? Le savoir de l'être vient épouser les attentes de l'être de savoir. même pour s'entendre dire que c'est au doute qu'est confié le fondement de son savoir. À la question « suis-je ? » est venue subrepticement s'adjoindre une modalité, un point de vue, un «en tant que», l'être est maintenant considéré comme être de «savoir», qui dit «je sais » (ou «je doute ») quand il cherche à fonder« je suis » dans le« cogito ergo sum ». Nous n'irons pas plus loin en compagnie du philosophe (2). Qu'est-ce qu'être sujet Avant de continuer votre lecture, laissez vagabonder un instant votre attention, et répondez pour vous-mêmes à cette question. 
Très rapidement, elle se transforme: l'existence questionnée est celle de ses phénoménalisations, les modalités de l'apparaître, de l'apparence de ce qu'est «être sujet», «subjectivité », qui créent, posent, imposent l'existence de nous-mêmes et des autres pour nous mêmes et pour les autres. Quels phénomènes, quelles apparences nous inclinent à statuer de l'existence, à attribuer, à imputer une subjectivité à des phénomènes? 
Nous questionnons ici les modalités de la prédication de la subjectivité (pré­diquer : dire quelque chose de quelque chose; ici, dire de quelque chose qu'elle est subjectivité). qui nous autorise à attribuer une subjectivité à des phé­nomènes, sujet en philosophie, personne en théolo­gie ou Droit, et, sous condition, personnalité en psychologie. Ces facteurs sont non seulement les traits sémantiques structurant la catégorie logique, la représentation cognitive de ce qu'est « être sujet», mais encore les vecteurs, les champs et les directions de l'expérience subjective, les horizons de la phénoménalisation comme des explorations et expérimentations de la subjectivité. La subjectivité est un état, la subjectivation un processus dynamique. Étudier la subjectivation c'est déterminer les modes de l'apparaître du sujet, ses phénomé­nalisations qui deviennent autant d'observables épistémologiques. Qu'est-ce qui est donné au sujet pour s'apparaître comme sujet ?

(1) Paul Valéry. « Thêta» i» Cahiers, tome n, Paris. Gallimard, 1971, p. 635.
(2) Lire le commentaire du «videre videor» de la «Méditation seconde» des méditations métaphysiques de Descartes par \Michel Henry in Généalogie de la psychanalyse. Le  Commencement perdu. Paris. PUF, 1985. pp. 17-5?.
 

Infogerance hebergement serveurs haut debit