La
science nous fait-elle connaître le réel tel qu'il est?
La
thèse dogmatiste,
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Critique
de la thèse dogmatiste
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Tandis
que la perception est une saisie individuelle, souvent
illusoire, la connaissance scientifique établit la vérité
comme une adéquation de la pensée et de l'objet:
la science représente le réel tel qu'il est.
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La
science n'est pas une connaissance de la réalité, mais
un ensemble de propositions hypothétiques: la
vérité scientifique doit être pensée en terme de
probabilité, la science ne nous fait pas connaître
le réel.
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a)
La science dépasse les oppositions des expériences
subjectives, en se situant sur le plan de l'intelligible:
elle dépouille l'objet de son apparaître, elle le pense
dans son être
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a')
La science ne peut échapper au relativisme
transcendantal: le monde de la science est le monde des phénomènes
où se trouvent impliqués notre sensibilité et notre
entendement.
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b)
La science dépasse le pespectivisme de la perception:
alors que la perception ne me donne qu'une esquisse (la
table perçue se donne d'une manière fragmentaire, le géomètre
en donne une représentation totale).
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b')
En réalité le géomètre traduit la réalité par un modèle.
Cette représentation totale est idéale, construite,
jamais donnée: la simplicité des lois recouvre une réalité
très complexe, la loi n'a qu'une valeur statistique.
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c)
La science découvre les rapports des objets entre eux,
les lois d'organisation du monde. Ses théories
sont vérifiées expérimentalement.
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c')
Il n'y a pas de vérifications expérimentales qui soient
décisives pour établir la vérité d'une hypothèse. Une
théorie naît, vit et meurt.
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L'expérience
cruciale
T |
Ce
serait une expérimentation qui vérifierait (au sens
propre = faire vrai) un discours de la science. Son
origine: Francis Bacon (1561/1626): comme le pèlerin qui
se trouve devant deux directions opposées auxquelles
aboutit son chemin, le savant peut se trouver devant deux
hypothèses contradictoires. Il peut tenter (une des deux
routes) une expérience qui permettrait du même coup
d'exclure une hypothèse et de vérifier l'autre, comme le
pèlerin qui a suivi la mauvaise route sait que l'autre
est la bonne.
La question, qu'est-ce qui permet d'affirmer qil
n'y a que deux hypothèses possibles, ruine la possibilité
de l'expérience cruciale.
Le tableau ci-dessous vous montre qu'avec deux expériences
soit-disant cruciales on "vérifie" deux hypothèses
que l'on pense contradictoires (= telles
que l'affirmation de l'une implique la négation de
l'autre et que la négation de l'une implique
l'affirmation de l'autre), alors que elles ne sont que contraires
(la négation de l'une n'implique pas nécessairement
l'affirmation de l'autre.
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Foucault
et Lénard
*Expérience
cruciale de Foucault. 1850
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*Expérience
cruciale de Lénard. 1903
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H1:lumière
formée d'ondes
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H2:lumière
corpusculaire
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H1:
lumière formée d'ondes
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H2:
lumière corpusculaire
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Prévision,
observation théorique: vitesse de la lumière +
rapide dans l'air que dans l'eau.
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Prévision,
observation théorique: vitesse de la lumière +
lente dans l'air que dans l'eau.
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Prévision,
observation théorique: l'énergie doit décroître de façon
graduelle et continue jusqu'à zéro.
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Prévision,
observation théorique: l'énergie doit décroître de façon
discontinue (un seul photon à la fin)
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Observation
réelle mesurable: la vitesse de la lumière est +
rapide dans l'air que dans l'eau.
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Observation
réelle mesurable: l'énergie finit par être égale à un
seul photon sauf si aucun photon ne frappe l'écran.
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= On se trouve
donc devant deux hypothèses contradictoires "vérifiées"
alors que l'expérience cruciale devait nous permettre un choix définitif! |