NE
PAS CONFONDRE: l'évidence d'un système hypothético-déductif
avec l'évidence obtenue par un système expérimental.
|
La
définition de la vérité comme correspondance entre un
discours de l'esprit et le réel, malgré tous les
efforts pour la répudier, hante toutes les démarches
de l'homme: c'est qu'il n'y a pas d'autres définitions,
à moins de jouer sur les mots: accéder à la réalité,
la voir, est donc la condition de possibilité d'une
telle vérité: mais comment accéder au réel autrement
qu'à travers une sensibilité ou un entendement, une
sensibilité et un entendement, en produisant un objet,
un phénomène?
|
Le
succès a-t-il plus que l'évidence d'un phénomène?
S'il
a été prévu par un discours théorique, son évidence
rejaillit-elle sur ce discours? On aurait alors une vérification
(= faire vrai), la preuve administrée entre ce que je dis et ce
qui est! Cela revient à poser le problème de la circulation de
l'évidence dans la méthode expérimentale.
Dans
un système hypothético-déductif (formel) l'évidence
circule bien d'un point de départ admis (postulats,
axiomatique) à la conclusion (déduction nécessaire
par tautologie = dire la même chose; 4 = 2+2) : on
descend.
|
Dans
la méthode expérimentale on voudrait que l'évidence
circule en sens inverse: si le résultat est évident la
théorie qui l'a prévu serait évidente elle-même, vérifiée:
on remonterait (de l'observation réelle mesurable
obtenue au discours qui a permis de l'obtenir)
|
Cela
suppose la possibilité d'une tautologie entre un résultat
particulier et une théorie générale, ce qui est
impossible puisque la tautologie exige l'identité.
D'autre part il ne peut y avoir de tautologie que dans
un discours sans contenu matériel: tout contenu rompt
la tautologie, le passage nécessaire, puisque dans la réalité
il n'y a pratiquement que des différences (quel est le
paysan qui accepterait un échange de ses deux chevaux
jeunes et forts contre deux chevaux fatigués?).
|
L'évidence
ne peut donc circuler du résultat expérimental à la théorie
non seulement parce que le particulier ne peut établir le général,
mais aussi parce que dans l'expérimentation on n'est jamais sûr
qu'un paramètre inconnu n'intervient pas et ne produit pas, à
notre insu, le succès.
On
comprend que la réduction illégitime d'un système expérimental
à un système formel est ce qui génère l'illusion (satisfaction
imaginaire d'un désir) que le succès serait un critère de vérité.
Le pragmatisme en convient.
|