Dans
L'introduction nous avons souligné qu'il était nécessaire, pour
Kant, d'établir une anthropologie philosophique car
l'anthropologie ne peut se contenter d'étudier la nature humaine
enracinée dans le monde de l'expérience et du devenir
historique. Elle doit être indissociable d'une sagesse qui prend
en compte le perfectionnement de l'humanité, le progrès qui se réalise
dans la société "où l'homme se civilise, se moralise par
l'art et les sciences". Or ces développements sont rendus
possibles par le caractère transcendantal de l'homme qui, loin de
se réduire à l'expérience concrète empirique, "possède
en tant que personne une dignité l'élevant au-dessus des lois de
la nature". ces lois, l'homme les découvre, les comprend,
les utilise. Cet homme qui est "un animal, pas comme les
autres" (Voltaire), est capable de découvrir, de dévoiler
l'ordre du monde grâce à la raison qui lui permet d'ordonner les
matériaux que lui donnent les sens: elle joint, relie donne une
cohérence aux évènements. Ainsi la raison destine l'homme à
mettre en jeu toutes ses puissances mentales pour acquérir une
connaissance vraie. Car l'homme a la passion de la
connaissance! Nous ne connaissons l'origine de notre désir de
connaître, il est lié à notre nature, il est un véritable
"instinct de l'esprit".
"Notre
instinct de connaissance est trop puissant pour que nous puissions
encore apprécier un bonheur sans connaissance... la connaissance
s'est transformée chez nous en une passion qui ne redoute aucun
sacrifice et ne craint rien, au fond, sinon sa propre extinction.
Peut-être même l'humanité périra-t-elle à cause de cette
passion de connaissances! Mais cette passion n'a aucun pouvoir sur
nous!...Nous préférons tous la destruction de l'humanité à la
régression de la connaissance!" Nietzsche. Aurore
1881
En ce début
du 3ème millénaire, sans qu'il soit question d'une impossible régression,
d'un retour à la "barbarie" que serait l'envie d'un
"bien- être grossier", d'un bonheur sans connaissances,
il ne paraît pas utopique de renoncer à cette vision
apocalyptique du destin de l'humanité. Au contraire! Peut-être
qu'en réfléchissant sur l'origine de notre passion de la
connaissance vraie, verrons-nous apparaître une autre éventualité
que notre destruction! S'il est vrai que l'homme est
essentiellement pensée et liberté, si exister pour lui signifie
donner un sens et pour cela, interroger, chercher à comprendre en
renonçant à trouver le repos dans ce sur quoi il s'interroge,
alors nous entr'apercevrons la nature de son désir et
son but, comme nous le fait comprendre¨Platon, dans Le
Banquet: désirer c'est vouloir "la chose dont on
ne dispose pas encore. Être homme c'est donc éprouver un besoin
vital nécessaire du Vrai, du Beau, du Bien. C'est donc vouloir
accéder pour le présent et l'avenir à ces valeurs et nous ne
pourrions pas les désirer si, déjà, nous n'en avions pas comme
un avant-goût. Seulement, s'il est vrai que nous avons l'idée
d'une vérité qui nous est manifestée, nous aurons à la découvrir.
Faudra-t-il livrer bataille? Nous savons que si la vérité est à
découvrir, à dévoiler, elle n'est jamais donnée, elle toujours
conquise.
"Nous
devons gagner à la sueur de notre front, le pain de notre esprit"
Malebranche.
Mais,
qu'est-ce que la Vérité? Où et comment la trouver? En suis-je
capable?
D'une manière
générale la vérité se définit comme la conformité de
ce que je dis avec ce qui est.
-Ce que je dis: il s'agit donc de mon
jugement
-Ce qui est: il s'agit de la réalité, de ce qui
est donné indépendamment de moi.
La vérité est ce qu'on cherche. Réside-t-elle dans la pensée
ou dans les choses? C'est à dire réside-t-elle dans l'accord
entre ce que je dis et la représentation que je
me fais des choses ou bien dans l'accord entre ce
que je dis et les choses telles qu'elles sont, soit la réalité?
Il existe 2 approches de la question....
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