Tous les événements, qui résultent de la
combinaison de la volonté et du hasard, sont nécessaires; quel
autre agent pourrait en effet s’ajouter à ceux-là ?
Prenez toutes les causes; tous les événements absolument en résultent;
et dans les causes extérieures est compris le concours du mouvement
du ciel. Lorsque l’âme, changée par les choses extérieures,
agit ou entreprend une action, elle est mue comme d’un
mouvement aveugle; et ni son action ni sa disposition ne doivent
alors s’appeler volontaires; il en est de même, lorsqu’elle
empire spontanément, parce qu’elle ne suit pas toujours ses
impulsions droites et essentielles. Mais lorsque, dans son élan,
elle prend pour guide la raison pure et impassible qui lui
appartient en propre, c’est alors seulement qu’il faut dire
que cet élan dépend de nous, qu’il est volontaire, et
qu’il est notre oeuvre; il ne vient pas d’ailleurs que de
l’intérieur de l’âme pure, principe premier, dominateur et
souverain, et non d’une âme égarée par l’ignorance,
abattue par la violence de désirs, qui en survenant la mènent,
l’entraînement et ne permettent plus qu’il vienne de nous
des actions, mais seulement des passions.
Plotin, ENNEADES - III |