A
partir du moment où on vise l'universel, où on écarte tous les faits
pour ne pas s'engluer dans la diversité de situations particulières,
on marque sa volonté de rester au niveau d'une hypothèse rationnelle,
de construire un modèle qui permette par comparaison de juger de la
justice et de l'injustice d'une société réelle. C'est donc à la
constitution d'un instrument de mesure, d'un critère que nous sommes
conviés.
Imaginons des
personnes qui devraient choisir les principes de répartition de biens
qui leur sembleraient les plus justes possibles. la justice jaillirait
d'un consensus rationnel à la seule condition qu'ils ignorent quelle
sera leur place dans la société dont ils élaborent les
principes:
l'absence d'intérêts sensible (y jouir de telle ou telle place)
assure, par un tel voile d'ignorance, que leur intérêt personnel
correspond à l'intérêt commun. Ils ne sacrifieront aucune classe
sociale et vont donc construire, rationnellement, la société la plus
juste possible.
"Nous devons imaginer que ceux qui s'engagent dans la coopération sociale choisissent ensemble, par un seul acte collectif, les principes qui doivent fixer les droits et les devoirs de base et déterminer la répartition des avantages.
...
Le choix que des êtres rationnels feraient, dans cette situation hypothétique d'égale liberté, détermine les principes de la justice.
...
Je soutiendrai que les personnes placées dans la situation initiale choisiraient deux principes assez différents.
Le premier exige l'égalité dans l'attribution des droits et des devoirs de base.
Le second, lui, pose que des inégalités de richesse et d'autorité sont justes si et seulement si elles produisent, en compensation, des avantages pour chacun et, en particulier, pour les membres les plus désavantagés de la société.
...
Les deux principes que j'ai mentionnés plus haut constituent, semble-t-il, une base équitable sur laquelle les mieux lotis ou les plus chanceux dans leur position sociale ... pourraient espérer obtenir la coopération volontaire des autres participants."
Rawls, Théorie de la justice (à partir de la page 37) Seuil. |
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Monstrueuse synthèse de libéralisme et d'interventionnisme ou
triomphe de la raison?
"La liberté ne peut être limitée qu'au nom de la liberté"
Rawls.
En tout cas de quoi s'attirer les foudres de la gauche qui peut y voir
la justification d'un système économique injuste et celles de la
droite qui peut y voir la justification d'un État providence...
A
ce concert s'ajoute celui de ceux qui veulent à tout prix ancrer une
poussière de justices dans la diversité des société au risque de
sacrifier à des coutumes la dignité de la personne et singulièrement
celle des femmes.
A
ces critiques Rawls répond en 1988 (Anarchie, État et Utopie) et en
1993 (Justice et démocratie).
= Sur la démocratie revoir les textes incontournables de Claude Lefort
(Essais sur le politique (XIXe-XXe siècle), Coll. "Esprit", Ed. du Seuil, 1986).
J.
Llapasset
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