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Le thème le corps et l'esprit
demande de réfléchir
et de penser; or c'est l'esprit qui est principe de la réflexion comme
retour sur et de la pensée qui s'élève vers les idées.
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Pourquoi ne pas commencer
par réfléchir à propos du thème et singulièrement revenir avec
attention sur l'expression le corps et l'esprit, pour le questionner sur
sa formulation même?
Mettre
"corps" en premier c'est le mettre en évidence, ce qui
est bien en rapport avec la problématique contemporaine qui
distingue le corps objet et le corps propre ou corps sujet. C'est
nous orienter vers la lecture de: Maine de Biran, Merleau-Ponty,
Michel Henry ...
Pourquoi
pas le corps et l'âme?
La formulation doit-elle nous faire
négliger, par exemple, la conférence de Bergson, L'âme
et le corps. Devons-nous distinguer l'âme et l'esprit? Voilà
de quoi nous orienter vers Descartes.
En effet, depuis Descartes l'âme et l'esprit prennent le même
sens: Descartes identifie l'âme et l'esprit et il attribue le reste
au corps.
Avant
Descartes l'âme est principe de pensée mais aussi principe de la
vie organique et affective. Dans la tripartition de l'âme chez
Platon la partie de l'âme qui est principe de la pensée correspond
à la raison ou à l'esprit. L'âme présente deux autres parties,
ce qui empêcherait de confondre ces deux thèmes: le corps et
l'esprit; le corps et l'âme.
Mais si on est obligé d'admettre que, de toute manière, l'esprit
désigne toujours chez l'homme un esprit incarné, force est de
reconnaître que la distinction esprit et âme perd tout le sens
qu'elle pouvait avoir avant Descartes.
Tout
cela ne nous oriente-t-il pas vers une série de problèmes liés à
l'incarnation? On peut se demander s'il s'agit de problèmes placés
devant nous, et donc surmontables, susceptibles d'être résolus ou
si ce sont des mystères (cf. Gabriel Marcel) dans lesquels le
chercheur est impliqué, est engagé ce qui laisse prévoir des
apories car l'on sait bien qu'un système ne peut jamais se dire
puisqu'il ne peut sortir de lui.
= Tout cela permet de comprendre pourquoi il faut passer par Descartes,
(Méditations, Principes de la philosophie, par
exemple) et suivre son discours argumenté selon lequel l'esprit et le
corps seraient des substances différentes, diverses et réellement
distinctes les unes des autres, sans pour cela exclure une interaction
mystérieuse. A partir de ces premières lectures incontournables, on
méditera avec profit cette affirmation de Bergson qui se trouve
dans Ecrits et paroles, II, page 353 et qui mérite de nous
accompagner car elle éclaire notre recherche: "Nous devons
entendre par esprit une réalité qui est capable de tirer d'elle même
plus qu'elle ne contient... et qui est essentiellement réfractaire à
la mesure parce qu'elle n'est jamais entièrement déterminée, jamais
faire, mais toujours agissante."
= Bergson: reprendre Matière et mémoire en scrutant la
première page. Puis lire autour de la page 66 et surtout de la page 246
à la fin.
Lire de près sa conférence: L'âme et le corps dont il existe
une excellente édition, commentée avec pertinence.
= Voir La tripartition de l'âme chez
Platon
Ne pas oublier la pensée de
Ricœur avec comme point de
départ possible, Philosophie de la volonté, pages 117, 260, 291.
Gaston Berger, Recherches sur la constitution de la
connaissance, page 97 et suivantes
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
Le visible et l'invisible. (vers 5 pages)
Michel
Henry: Incarnation une philosophie de la chair
Antonio Zirión
Quijano,
De la tonalité de la vie.
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