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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS 

La sensibilité

La promesse de la sensibilité ? L’immanence: une vie. 

par Jean Louis Blaquier jealier @ wanadoo.fr

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Horizons contemporains

Vers une éthique des quantités intensives et/ou une esthétique des intensités.

Premier exemple: le Droit.

Ni intentionnelle, ni réflexive, la relation du sujet à l’acte sensible pose cependant une question de droit. A quelles conditions, l’être parlant peut-il en dire quelque chose? En dire quelque chose à
quelqu’un enfin, puisque la sensibilité nous entraîne sans réserve vers l’autre fond sans fond qui n’est pas d’étant, mais d’Etre, l’Etre autrement qu’être (Lévinas) l’Autre invisible en son visage même.
L’apport de Lévinas reste, selon nous, décisif; l’exaction nazie ayant porté à son incandescence la chute de la sensibilité à son point le plus grave, le plus catastrophique: l’insensibilité du sujet devant le visage de l’Autre dont on organise la meurtre en série. Ce projet fut celui d’une organisation délirante de la mort de l’Autre jusqu’à l’incroyable volonté de faire disparaître tout témoignage sensible.

En Occident, le droit, notamment dans la tradition de sa reprise romano- chrétienne, canonique expressément est, par principe, insensible à la présentation du sujet singulier devant la loi laquelle figure emblématiquement un tiers institutionnel -le Roi, L’Etat, la République, le Juge.... Ce tiers institué représente l’image visible, sensible de l’Autre au principe transcendantal de la Loi. Mais, ce dont tout sujet peut se soutenir, implique un impératif catégorique universel qui réglant juridiquement le montage politique de toute société définit un enjeu invariable pour l’humanité: le respect inconditionnel de la filiation. Cet impératif catégorique élevé au niveau de la logique d’Etat a parti lié avec la reproduction de l’espèce humaine en sa triple spécificité ontologique, politique et subjective. Telle est la responsabilité politique du sujet-citoyen devant le socle généalogique de la loi: instituam vitere: instituer la vie, sage formule des juristes romains. Nous savons que la folie, la psychose peut s’emparer des institutions politiques comme des peuples.

Second exemple: les nouvelles technologies.

Cette équivocité fondamentale de la sensibilité dont l’autre nom le plus moderne est dans le fond l’Intensité, est redoublée par l’essor de la révolution cybernétique qui, par delà l’explosion des médias et multimédias, donne à l’image, en sa visibilité sensible/insensible (intouchable) une part jusqu’ici dévolue avec circonspection par les traditions théologiques ou religieuses aux emblèmes, aux icônes. Le danger, la confusion des images trop souvent souligné évoque le déferlement, la montée en puissance d’une démocratie de masse de plus en plus asservis une spectacularisation de l’information et une instrumentalisation commerciale des connaissances scientifiques ou du “Capital Lettre” en général selon la belle formule d’un philosophe contemporain. L’histoire nous apprend cependant deux choses lourdes à méditer en ce qui concerne le ventre mou ou le point sensible comme on dit des masses, des multitudes humaines. D’une part, lorsqu’Hilter pris le pouvoir, il le fît démocratiquement, et d’autre part, la victoire contre le nazisme ne fut pas celle de la force des arguments, du Droit ou la Raison mais celle des armes. Il est donc clair que l’art politique du gouvernement (étymologie du mot cybernétique) de la sensibilité des masses doit prendre en acte des agencements d’énonciation virtuellement collectifs. La “perfectibilité” de la démocratie selon le néologisme de Rousseau ou de la République ne passe-t-elle pas, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, par l’agencement cybernétique de l’intelligence collective? Tel est sans doute un des enjeux anthropologiques majeurs de l’Internet et des nouvelles technologies.

L’actualisation grandissante des nouvelles technologies en jouant la carte de la simulation, de la virtualisation de la réalité, du redoublement de l’original en production de copies de copies à l’infini, exacerbe les capacités “naturelles” de la sensibilité humaine. Kant, par sa réflexion sur le temps comme cadre a priori  et condition de la sensibilité pour toute expérience possible, congédie l’impasse métaphysique où le destin de la copie vers le simulacre s’éloignait irréversiblement du modèle, de l’original. Le temps est venu du renversement possible du simulacre en modèle créatif d’originaux. De nouvelles prothèses machiniques inventent des univers de subjectivation, des liens sociaux de nouveaux types selon des modèles d’énonciations plus singularisant et davantage collectifs. L’Internet, par exemple, produit concrètement des virtualisations nouvelles de l’économie, du partage et de l’échange du savoir, des affects, bien au-delà des déjà vieux consensus médiatiques que les différents pouvoirs avaient su plus ou moins domestiquer. La Toile d’araignée (http://www) électronique devient l’agencement nouveau d’une sensibilité, d’une intelligence virtuellement plus collective créant les conditions inédites = d’actualisation du lien démocratique. Ce sentiment-là (feeling), s’il n’est pas la répétition des idéologies romantiques, qui, au nom de la nature tournent le dos à la raison, peut réinventer une pédagogie ironique du décentrement de tous les pouvoirs monocéphales.

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