° Philo-prepas => La sensibilité (page index) PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS La sensibilité La promesse de la sensibilité ? Limmanence: une vie. par Jean Louis Blaquier jealier @ wanadoo.fr
_____________________________________________ Contexte théorique. Philosopher sur une notion aussi
disparate, claire et obscure, suppose une pratique théorique de la philosophie habituée
à inclure le travail du penser, la rigueur du concept dans la pleine dimension paradoxale
de la recherche de la vérité. Tout un courant mineur mais persistant -lempirisme,
le scepticisme avec ses multiples versions naturalistes, épicuriennes ou stoïciennes- a
tenté daborder, de maîtriser les questions et problèmes posés par la
sensibilité: le corps avec ses cinq sens -sens externe et sens interne- a été tout à
la fois, le premier organe et le premier obstacle du désir de philosopher au-delà de
lapparence caressante, chatoyante, charmante et charmeuse multiformes du Sensible.
Dun certaine manière, cest le réveil de Kant, en son sommeil
dogmatique, par Hume, antiphilosophe notoire, qui va stabiliser tout
lintérêt profondément moderne de létude de cette notion. André Lalande en
son Vocabulaire technique et critique de la philosophie (1926) prévient: cinq
pistes étymologiques cerclent le volcan logique doù une telle notion situe son
topos, son lieu nécessairement pluriel, éclaté de définition possible. Chargé dune équivoque extrême, labord de ce terme revient à isoler trois grandes scansions: la fondation platonicienne jusquà son renversement par Nietzsche; le moment Critique qui pose de façon décisive la question du transcendantal (Quid Juris); le moment psychanalytique de la crise du logos en son obscur creuset subjectif, sa facture précisément cartésiano-kantienne: le tripode lacanien R.S.I. Platon, Descartes. La sensibilité première.
Différence ontologique,
différence
psychanalytique. Avec Spinoza, Lebniz, Nietzsche et Freud, une autre différence, non point du côté des objets, du monde, de la Nature mais du côté du sujet, de la parole, du Symbolique: sous la plage du Verbe, du signifiant, lordre sensible de lêtre toujours déjà résonne... La grande leçon de Platon concerne le point que Nietzsche précisément relève, au sens strict, ou prétend renverser: le moment où la faille du témoignage de nos sens bascule de lerreur (qui porte sur un rapport ou un nombre rationnel, divisible) vers le simulacre, le non-sens. Ce dernier concerne un rapport logique ou un nombre irrationnel, indivisible défiant toute principe didentité, toute unité harmonieuse ou principe de constance définitif. Dans le Timée,3 la question du divisible et de lindivisible est admirablement posée. Le divisible comprend en soi linégal, cest même ce qui permet de le définir alors que lindivisible (le Même ou lUn) cherche à lui imposer une égalité qui le domestiquerait... Comment le Dieu, le Dieu du Logos, le Dieu des philosophes pourraient-ils vaincre le risque de folie, la folie de lUn, soit linégal en soi, lUn en tant quun recherché par Plotin, tous les néoplatoniciens? Il faudra toute la perspicacité de Freud, puis de Lacan, du discours psychanalytique pour déjouer la folie de lunaire et sattaquer aux apories de la logique platonicienne sur le sensible ou encore à la troisième hypothèse de Parménide menaçant le projet unitaire de Dieu, celle de linstant différentiel, intensif, isomorphe à la logique inconsciente du fantasme. On peut toujours maîtriser le sensible, le divisible dans et par lextension, létendue (spacium), cette seconde substance dont Descartes fera la preuve irrévocable et stricte de lexistence de la matière, du corps mais sous cette extension (qui est aussi bien lAme du monde, au plus abyssal du divisible, cest encore le différent, linégal, le non répétable, le singulier qui gronde en intensité. Aussi extensives que soient lensemble infini des qualités sensibles qui permettent de décrire les variations matérielles, physiques du monde: la profondeur ignorée mais permanente du spatium est intensive: affaire dintensités, de différences, de répétition. Du coup, cest le monde des Idées, des identités qui chavire, se trouve littéralement renversé en simulation, simple effet doptique généré par un une combinaison, un jeu encore plus profond appartenant à la puissance propre de la répétition, de linconscient doù émergent les affects, la sensibilité. Celle-ci sordonnant au schématisme transcendantal de limagination introduit en elle une coupure, une synthèse asymétrique entre mimesis (versant de lobjet) et poesis (versant du sujet). Le procès du Symbolique, de toute symbolicité, y compris dans le champ psychanalytique situe la structure de la vérité au coeur de la fiction -le fameux ens imaginarius kantien- au centre de de la vérité doù le sujet du désir se déduit. Là où le sujet se voit, à savoir où se forge cette image réelle et inversée de son propre corps qui est donnée dans le schéma du moi, ce nest pas là doù il regarde.4 Platon renversé par Nietzsche, inscrit dans le labyrinthe de la sensibilité, des images, des icônes lesquelles parfois vraies, quelques fois illusoires ne sont jamais exactes. Cest précisément dans cette étrange alliance du pseudo et du vrai que la valeur du simulacre, la logique du fantasme accomplit dans le sujet son travail logique de négation, de contrariété, de contradiction qui fit dire à Lacan à propos de la topique transcendantale du sujet que la vérité fondamentale de linconscient reste indétachable dune structure de fiction. Ce qui noue toute réalité psychique, cest la rencontre de deux séries logiquement hétérogènes mais nouées: lordre Symbolique (langage/discours/parole) et lordre du Réel (sexuel/pulsionnel) médiatisés, tramés, maillés par lImaginaire (Moi, affects, désir), condition de possibilité- au sens de Kant- ou préliminaire - au sens lacanien- à tout abord de la sensibilité, quelques soient les structures cliniques: névroses, perversions, psychoses). Page suivante : Le grand mérite de Kant Retour à Philo-aide/prépas => La sensibilité - Vers Aides à la dissertation sous forme d'esquisses niveau prépas |