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Soyons attentifs à la structure, à l'habileté du discours de
Vania:
1- Gros plan en négatif sur le professeur Sérébriakhov
2- Que de bonheur (= chance) pourtant.
3- Le professeur: un inutile qui transvase du vide.
Retour sur sa prétention
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Que peut-on faire à son bureau sinon écrire selon sa
veine créatrice ou, à défaut, recopier platement ce que les
autres ont écrit?
Sérébriakhov y reste,
ne le quitte qu'exceptionnellement comme s'il avait de la peine
à renoncer à la chaire que le bureau figure, comme si, se
sentant au-dessus des autres, il voulait convaincre les autres
et se convaincre soi même que la retraite ne lui a rien enlevé
de sa haute dignité et de son utilité. Voudrait-il faire
quelque chose pour l'humanité comme tant de nos
professeurs émérites?
La citation de Dimikiev qui se moque des écrivailleurs illustre
la pensée de Vania. Non sans quelque férocité, Vania plaint
le papier qui reçoit du vide, qui est donc pauvre dans tous les
sens du terme.
Vania va proposer au professeur, ce perclus de l'imagination créatrice,
un superbe sujet: qu'il raconte lui même sa propre vie; cela
permet à Vania de pousser plus en avant la satire.
Rageusement Vania va opposer la nullité du professeur à tout
le bonheur (= suite de bonnes heures, de chance) qu'il a eu.
Quel beau sujet que cette contradiction? Comme ne pas filer un
oxymoron? Comment mieux souligner que la fortune est aveugle,
que la recherche du bonheur est vaine sans le destin
qu'il faut accuser parce qu'il est un mécanisme indifférent à
la valeur de ceux qu'il favorise.
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Ce qu'il est, Sérébriakhov,
aux yeux de Vania.
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Un vieux croûton: inutile comme une croûte,
esclave de la routine, avec un esprit borné.
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Hareng saur académique: sec et maigre comme un
hareng fumé. Académique: froid et prétentieux, qui suit les règles
à la lettre et ne tient pas compte de l'esprit.
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Podagre: qui a des crises de goutte très
douloureuses.
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Migraineux: sujet à des maux de tête ne
concernant qu'une moitié du crâne.
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Le foie enflé: non à cause de l'alcool mais
à cause de l'envie et de la jalousie
... : Les trois points de suspension nous invitent à mesure le
malheur de Sérébriakhov atteint physiquement et nul
psychiquement. (L'envie est le simple désir de jouir d'un objet
dont un autre jouît alors que la jalousie est le désir de posséder
exclusivement un objet ou un sujet)
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Domaine de sa première femme: la soeur de
Vania qu'il a épousée en premières noces. Nous apprenons que
le professeur n'est pas le propriétaire incontesté du domaine
qui porte le nom de sa femme.
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A contre coeur: le spectateur s'en doutait, à
voir avec quelle vitesse il fuit les familiers du domaine avec
qui il refuse de partager le rite du thé.
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Toujours à se plaindre: selon Vania, pour se
rendre intéressant, peut-être pour empoisonner l'entourage,
pour exercer une tyrannie sournoise. |