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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La recherche du bonheur

  • Sénèque : (4 av. J-C à 65 après J-C)
     

    Sénèque: sur La brièveté de la vie - sur La vie heureuse
     
    Sénèque:
    De brevitate vitae - De vita beata

Chapitre XV, pages 132 à 134 Edition Arléa

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La recherche du bonheur exige que l'on se réapproprie le temps, en choisissant ses relations dans le passé, en les conjuguant au présent pour anticiper l'avenir avec confiance.
Mais pourquoi choisir ses relations dans le passé?
Parce que, une relation constituante, enrichissante, implique la disponibilité de celui avec qui on entre en relation. Or, les contemporains affairés, préoccupés par leurs passions, leurs soucis, leurs projets ne peuvent avoir cette disponibilité; Sénèque en fait l'expérience chaque jour.
Cette disponibilité on la trouve grâce aux écrits de ceux qui ont disparu: lorsque le temps présent sera bien à nous parce que nous nous serons détournés des imposteurs et des fâcheux qui remplissent notre présent, il suffira d'utiliser ce temps pour accéder par l'Esprit à la fréquentation et à la compréhension des anciens maîtres de sagesse, le plus souvent regroupés en famille, ceux qui se sont orientés vers le vrai et vers le bien.

Ainsi, en se réappropriant le temps passé par le loisir studieux, enrichissant, on donne librement une épaisseur au maintenant: dans le même mouvement, on se réapproprie le présent en s'appropriant le passé. Il s'agit bien de s'enrichir et non d'acquérir une vaine érudition. S'enrichir pour bien vivre le présent. Se réapproprier le temps c'est donc l'unifier dans une temporalisation pour consacrer tout son temps à la poursuite de la sagesse; mais consacrer tout son temps à la sagesse c'est bien vivre en adjoignant à son propre temps celui des sages qui nous ont précédés, en profitant du fruit de leurs effort, de leurs découvertes, de leurs pensées.
Notons que cela exige de chacun de nous l'effort pour développer notre Esprit, ce médiateur universel qui nous permet de dépasser les bornes de l'ici et du maintenant, de nous élever jusqu'à leur sagesse en la comprenant.

Il ne tient qu'à notre "générosité" d'en faire nos intimes et de les fréquenter le jour ou la nuit car leurs écrits ne dorment pas.

Pour Sénèque. C'est donc plus le dialogue intérieur de chacun qui compte que le dialogue vivant, l'échange, puisque les morts ne dialoguent pas avec les vivants mais, par leurs écrits les stimulent au dialogue avec soi-même qu'est la pensée.