Dans
tous les cas, lorsqu'il s'agit de La vie heureuse ou De
la brièveté de la vie, vous avez une clé qui permet
d'ouvrir toutes les portes du texte que vous lisez.
Pour La brièveté de la vie, c'est une page sur la
réappropriation du temps:
en effet tout ce que Sénèque écrit dans ce traité, n'a de
but que de nous amener à nous occuper de nous même, et pour
cela, pour vivre pleinement notre vie, à nous réapproprier le
temps que les autres nous volent et que nous même nous
gaspillons.
Il est toujours bon de lire ce qui précède le texte que vous
avez à déplier (page 91 à 95 de la traduction choisie ...).
Vous y trouverez la thèse du traité:
- La vie n'est pas trop courte,
c'est nous qui la perdons; c'est de notre faute
si elle nous paraît courte car sa brièveté vient en réalité
de ce que nous gaspillons le temps à courir après ce qui ne dépend
pas de nous et à autre chose qu'à nous même.
Sur
le texte que vous avez à commenter:
comment, en gaspillant le temps que nous ne faisons pas nôtre,
le temps de notre vie, la partie qui nous reste est courte,
infime, et la portion de vie que nous vivons brève.
Personne ne s'appartient, personne ne prend soin de lui même et
pourtant ce souci de soi ne devrait jamais nous abandonner mais
nous accompagner jusque dans nos relations sociales. (curator
a le double sens de prendre soin de soi et avoir des relations
sociales).
=>
Cracher le sang: comprendre que l'orateur s'époumone...
On dissipe, on dilapide le temps qui passe parce que nous
laissons les autres s'en rendre maître, nous le voler, sans
nous défendre: pourtant c'est notre vie que l'on prend.
Pour
le mouvement du texte:
1- Depuis Pourquoi nous plaindre de la nature? à Dans
une servitude volontaire.
Les tourments des passions dont nous sommes prisonniers ne
doivent pas être attribués à la nature. Servitude
volontaire: à développer. La raison au service des
passions.
2- De Beaucoup sont captifs... à Tout le reste
n'est pas de la vie, c'est du temps.
parce que nous ne vivons pas pleinement les instants qui nous
sont donnés, notre vie est courte.
3- De Les vices pressent ... jusqu'à A l'égard de
ses passions.
Ballottés que nous sommes dans nos passions, nous ne pouvons
nous défendre des autres qui "bouffent" notre temps.
4- De Crois-tu que je dise ... jusqu'à Personne ne
s'appartient.
Personne ne s'appartient parce que chacun se met volontairement
sous la dépendance des autres, il leur fait la cour: aucun ne
revendique son autonomie, ne se fait la cour à lui même.
5- De Puisqu'il en est ainsi ... à Parce que tu ne
pouvais être avec toi.
Être seul avec toi même pour, dans un loisir studieux,
t'occuper de toi, être avec toi, te réapproprier le temps. Si
tu es incapable d'être seul avec toi même c'est que tu n'as
jamais daigné porter sur toi l'ombre d'un regard!
Une
difficulté, peut-être:
"Crois-tu que je dise cela des gens qui avouent leurs
maux."
Il faut comprendre: de ceux qui se plaignent parce qu'ils sont
frappés de maux de manière si éclatante qu'ils ne peuvent les
dissimuler. Il ne s'agit pas simplement d'eux mais il s'agit
aussi bien de ceux qui attirent les autres par l'image
(= le reflet trompeur) du bonheur: Ils sont comme des mirages,
des illusions d'optique. Ce que Sénèque écrit est particulièrement
valable pour eux.
Quelques
pistes:
- Connais-toi toi même, occupe toi de toi
- La servitude volontaire qui n'est plus un mystère car le
passionné aime sa maladie.
- La perte de soi dans le divertissement, dans le paraître,
dans l'assujettissement au regard des autres. |