La
voie positive . Ce
quelque chose que la mer reflète. (suite)
= A y regarder de plus près, le présent en lui même est relié,
on a perdu toute chance d'être heureux, si le présent et le
corps sont les conditions du bonheur (=> Alquié). Refuser le
temps reviendrait à refuser sa propre existence, à renoncer à
la liberté, à le reprise du désir.
C'est
bien ce qui arrive au médecin Astrov de Tchékhov qui, renonçant
à la force du désir renonce du même coup à la liberté, et
à l'amour ce médiateur entre la nature et la liberté:
Astrov ne voit plus que le plaisir et s'oriente vers un mauvais
infini.
=>
Prendre
en compte le temps qui détruit mais permet qui de construire,
c'est du même coup renoncer à la possession d'un bonheur comme
satisfaction complète et durable dans une création, mais c'est
aussi rendre la recherche du bonheur indispensable et heureuse.
Il
ne s'agit plus de poursuivre l'illusion qui assimile un trésor
au bonheur, mais de créer une vie la plus heureuse possible: or
la vie la plus heureuse possible exige de renoncer
à l'espoir du chercheur d'or parce que c'est une manière
de maudire le présent et que, en maudissant le présent, on se
condamne soi même à une vie de malheur;de choisir
l'espérance qui bénit le présent: la recherche du
bonheur dans un présent, dans l'ici et le maintenant d'une
existence illuminée parce que l'espérance ne vise jamais
l'avenir qu'à travers la glorification du présent.
=>
La
recherche du bonheur serait-elle le bonheur lui même?
L'exercice de la liberté, comme un mouvement perpétuel de
l'existence qui ne se laisse jamais aliéner par l'avoir, et même
par ses propres créations. Si être c'est se faire, ce ne doit
jamais se faire une nature sur laquelle on s'appuierait avec
paresse: ne soyons pas comme le sophiste qui affirme: la vérité
c'est ce que j'ai écrit !
Le
Corsaire (Le Clézio, Le chercheur d'or) devient un exemple, un
paradigme: tout jeter à la mer, ce reflet de la liberté que
l'homme chérit, se débarrasser de ce qu'on a créé pour être
enfin libre (page 373), pour ne pas recommencer et se perdre
dans la routine. Le narrateur sait enfin ce
"quelque chose" qu'il attendait de la mer dès l'âge
de huit ans, ce qui le faisait rester à la contempler, le coeur
battant, car "on va enfin savoir quelque chose" (page
13).
Dans
un geste qui relance superbement sa liberté, il a brûlé les
"cartes du trésor": il peut dire dans la
joie de la recherche renouvelée: "Je n'ai plus rien",
comme si le bonheur était dans la recherche, exercice
de liberté et comme s' il mourrait d'avoir été trouvé et
pieusement conservé. |