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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La recherche du bonheur

La recherche du bonheur dans les trois oeuvres

Pour vos problématiques:  Le temps et sa réappropriation
Chez Thékhov : Oncle Vania

  • Le chercheur d’or (Jean Marie Le Clézio) 
    La vie heureuse suivie de La brièveté de la vie (Sénèque) - (Traduction de François Rosso - Editions Arléa).
    Oncle Vania (Anton Tchékhov) (Traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan - Editions Actes Sud Babel).

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Comment faire du temps destructeur un bien propre, comment le faire sien? La réappropriation du temps dans Oncle Vania.

Dans la pièce tout s'organise autour d'une opposition entre la création et la destruction. C'est le temps qui détruit les forêts, les hommes, les couples et les individus. C'est dans une participation à la création qu'il serait possible de lutter contre la destruction, de se réapproprier le temps pour réussir son existence en recherchant le bonheur. Mais cela exige la continuité et la foi en un idéal. Comme

Alexis le Grand (Le chercheur d'or), rêver et avoir foi en son rêve!
Pour les personnages  de Oncle Vania, on ne peut parler que de tentatives de réappropriation avortées. Ces tentatives, au point de départ, s'organisent comme des luttes contre la destruction.

- Par la médecine pour réparer les corps (Astrov), mais la mort est partout: elle accompagne les gestes du médecin!

- Par l'écologie pour entretenir ou restaurer la nature. En fait, le processus de destruction reprend dès que l'effort est interrompu.

- Par le travail, l'humble tâche quotidienne pour attendre le bonheur comme on attend une récompense. Mais le travail ne permet pas la réappropriation du temps dans la mesure où il est aliénation: on attend le bonheur comme on attend une récompense après la mort...
En réalité tous ces efforts se font dans une atmosphère de désespérance. C'est particulièrement le cas d'Astrov qui refusant le passé, le présent et l'avenir ne peut se réapproprier le temps et se noie dans l'utopie.
Sérébréiakov, lui, dans l'espoir de retrouver une fausse gloire passée en retrouvant la ville, maudit son présent et en le perdant se perd.

Des éclaircies cependant qui ne font que souligner le tragique dérisoire dans lequel baigne la pièce.

- Sonia accepte bien le présent comme facteur de l'avenir.

- Elena allie la beauté et une pseudo vertu: pour elle, pour cet être de fuite(?) , que de guerres rêvées par les héros! Ne serait-elle pas un remède à l'ennui? Encore faudrait-il qu'elle puisse être désirée dans  une grande passion. Mais elle est évanescente et dès lors ce qui semble offert c'est un corps, pour la satisfaction d'un besoin et non pas une aventure pour la poursuite d'un désir. Sa vertu qui pourrait effectivement exacerber le désir n'est que de la peur (ce qui fait retomber le désir!) et sa beauté, comme celle de la rose, est sur le point de passer sous les coups destructeurs du temps.

La réappropriation du temps est un rêve. Il suffirait d'y croire et d'accrocher résolument son char à une étoile. Mais les personnages de Tchékhov font le rêve sans y croire. Fondamentalement ils doutent d'eux mêmes, ils subissent l'ordre du monde comme un destin et pourtant le destin qui pèse sur eux est volontairement tronqué par Tchékhov. Le drame c'est qu'ils ne le savent pas. Ils écoutent donc tous les rappels à l'ordre de l'univers que l'entourage leur adresse. La liberté, la recherche du bonheur par la réappropriation du temps n'est pas pour eux.

"Tout rentrera dans l'ordre, comme chez les honnêtes gens ... ...
Ils partent sans bagages. C'est que leur destin n'était pas de vivre ici ... 
Nous allons supporter patiemment les épreuves que le destin nous enverra ... "
(Acte IV)
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