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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La recherche du bonheur

La recherche du bonheur dans les trois oeuvres

Pour vos problématiques:  Le temps et sa réappropriation: (page1)
Chez
Le Clézio :
Le chercheur d’or

  • Le chercheur d’or (Jean Marie Le Clézio) 
    La vie heureuse suivie de La brièveté de la vie (Sénèque) - (Traduction de François Rosso - Editions Arléa).
    Oncle Vania (Anton Tchékhov) (Traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan - Editions Actes Sud Babel).

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Comment faire du temps destructeur un bien propre, comment le faire sien? La réappropriation du temps dans le chercheur d'or.

Le Clézio, dans L'extase Matérielle (page 194), répondait: "En arrachant tout ce qui existe au présent qui s'enfuit, en le dénommant à jamais."
C'était dire qu'il fallait commencer par l'atteindre; mais comment atteindre ce qui est si ce qui existe est caché par les sédimentations de la techno science?
- Par une attente qui devient une attention à l'être: attendre avec une patience telle que, en oubliant ce qu'on attend, on s'ouvre à ce qui existe, aux choses mêmes: c'est la condition même pour accueillir le concret et donc pouvoir le dire dans une métaphysique paradoxale qui ne quitte jamais le sensible; il s'agit de vivre avec le monde qui aspire à l'existence avant d'être englouti, d'entendre son appel,  de lui répondre comme on répond à une vocation avec en prime le bonheur de parfaire le geste créateur, de faire pleinement exister ce qui aspire à l'existence en l'arrachant à l'enfoncement dans le tombeau du passé et en l'installant dans le maintenant de l'écriture qui ne passe pas pour peu qu'elle sache s'exhausser au chant et à la parole par le moyen du rythme et du jeu des voyelles et des consonnes.

- Alors, il est possible de préférer à la révolte devant la violence du temps et la dureté du monde, l'émerveillement de sauver les plus humbles créatures (les larves) en leur reconnaissant une profondeur car leur apparence même participe au vrai et au juste.
"A la surface du bassin courent les moustiques, les araignées d'eau et le long des parois tressautent les larves ... Tout ce que je sens, tout ce que je vois alors me semble éternel" (Folio, pages 22 et 23)

Si tout cela disparaissait, si l'écriture ne le sauvait en l'arrachant au présent qui s'enfuit, il ne tient qu'à nous que la recherche du bonheur, elle, ne passe pas et que le temps devienne pour nous une succession de maintenant où s'épanouit le corps comme médiateur absolu, ce Je peux qui marque la recherche du sceau  de la liberté et d'un accent d'éternité dans la mesure où le chercheur ne renonce jamais à s'élever par la liberté.
Ainsi la réappropriation du temps passe par l'écoute comme attention à l'éphémère, attention par le corps vivant, attention à la vie. A la seule condition de rompre sans cesse les amarres que la possession et l'avoir installent, quitter les attaches du paquebot poussif qu'est le pragmatisme toujours d'abord orienté vers le simplement utile au point de considérer tout ce qui existe sans respect, comme un moyen ou un obstacle. Il s'agit en fait de rompre  avec la monotonie d'un mécanisme monstrueux, d'une machine qui asservit l'homme et la nature au rendement et qui, en vidant le temps de son contenu le défigure en pourvoyeur d'ennui
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