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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

La recherche du bonheur

La recherche du bonheur dans les trois oeuvres

Pour vos problématiques:  La recherche du bonheur et la divinité
Chez Tchékhov  

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Comment suivre la divinité, faire son bonheur sur terre, sans pour cela perdre l'espérance de le mériter dans l'au delà?

La recherche du bonheur ne peut aboutir qu'après la mort car la méchanceté du monde est telle que tout se heurte à des forces de destruction nécessairement victorieuses.

Suivre Dieu?

- Il semble bien que cela exige pour Tchékhov le dépassement des grands mythes car les grands mythes donnent un sens au monde vécu. Tchékhov les frappe tous de dérision, un peu à l'image d'une Vénus qui serait complètement tronquée. La pièce, Oncle Vania, nous présente en effet ces mythes en les "déplumant". Le procédé a pour but de faire apparaître les forces de destruction que les mythes masquent.

- La belle Eléna figure la belle Hélène par qui le malheur arrive et qui provoque la guerre, la destruction de Troie. Mais Eléna est paralysée par la peur, sa beauté sur le point de passer semble tellement creuse qu'elle ne pourrait nourrir que la platitude des besoins dans une brève rencontre sans suite. Eléna nous est présentée en réalité comme la figure de l'inexistence qui ne saurait nourrir ni le rêve des hommes et encore moins les conflits ...

- Maria ne fait que crayonner dans son grand livre du vide.

- Sébébriakov semble un demi dieu, mais son ciel moscovite n'est qu'un rêve! 

- Marina figure la fidèle Pénélope mais qu'est-ce qu'une Pénélope sans la gloire d'Ulysse?
Tous les mythes implosent, pour ainsi dire, pour laisser sa place à l'ordre de la destruction. Marina, certes, se réjouit du triomphe de l'ordre mais elle passe sa vie à consoler!

Ainsi Tchékhov ne "semble" plus garder qu'un destin en fond de toile pour rythmer les existences malheureuses sous l'oeil de Parques dérisoires: en réalité le travail machinal, le respect de la tradition, ne sont que des jeux devant la nécessité implacable des forces de destruction. La terre, en dépit des pauvres efforts effectués, reste soumise à une puissance qui défie la pauvre activité des hommes.

Et voilà qu'en fin de pièce tout semble pouvoir se régler par l'intervention d'un Dieu qui répare tout, d'un Dieu qui, pris de pitié,assure un repos éternel: l'arrêt du travail inutile, comme si la recherche du bonheur n'était qu'une méprise tragique car le bonheur est impossible dans une monde voué au mal de la destruction.

Ce grand repos peut être ou bien compris comme la félicité (= bonheur qui ne dépend plus du hasard de la fortune) ou bien comme la paix des cimetières. Dans les deux cas la mort est une délivrance.
Rien n'interdit la foi de Sonia: Tchékhov la marque cependant d'une ambiguïté en faisant dire à Sonia: "Je crois passionnément". 
Le bonheur rêvé est bien féminin (calme, tendresse, douceur...).
Mais ne s'agit-il pas d'un nouveau mythe? (judéo-chrétien).

Chacun reste donc libre d'interpréter le "nous nous reposerons": dans la disparition qu'est la mort ou dans la félicité, une félicité bien féminine.